Le nautisme et la plaisance / Un secteur délaissé

C'est une aberration mais le constat est réel. Notre pays doit se réapproprier la mer à laquelle il a tourné le dos. Des manifestations sous des thèmes tels que le nautisme et la plaisance, sont révélatrices des lacunes d'un secteur délaissé qui gagnerait à être réhabilité. «Beaucoup de navigateurs veulent venir en Algérie par la mer», a lancé une des organisatrices du Salon de «Algeria Boat Show» organisé à La Madrague.Le Salon international des équipements et services pour le nautisme et la plaisance «Algeria boat show» prend fin aujourd'hui à l'esplanade de la plage artificielle du port El-Djemila (Ex-La Madrague). «La destination Algérie n'existe pas encore», estime la plaisancière, Leïla Ouridjène. Cette co-organisatrice du salon (rentrée en Algérie d'Espagne par mer) nous a énuméré certaines lacunes dans ce secteur. «Nous sommes du terrain et on ne parle pas du vide. L'arrivée des étrangers par voile, par exemple, provoque certaines contraintes par ignorance de la plaisance et même d'habitudes de plaisance chez nous. Les mêmes soucis sont connus par les bateaux moteurs. Nous avons, en plus de l'anarchie, des ports avec des quais non adaptés et sans eau ni électricité. Le plaisancier vit le calvaire .Celui qui a une petite barque «flouka» et celui qui a un paquebot sont considérés pareils en matière de taxation», nous a-t-elle confié. Pour appuyer, sa collègue Mme Goussem, elle aussi co-organisatrice, nous a assuré que l'Algérie est très demandée par les étrangers. «Beaucoup de navigateurs nous contactent via la Toile (Facebook, mails...). Ils veulent venir par la mer.» Ce secteur (la plaisance), selon Goussem, «est délaissé. Pourtant il y a des potentialités énormes et de la demande dans le nautisme et la plaisance. L'Algérie a tourné le dos à la mer. La mer est là. II faut qu'on se la réapproprie. Il faut s'inspirer de ce qui se fait ailleurs et l'adapter selon les contextes.» «Ce secteur, qui a besoin de professionnels,?peut également aider à la création de richesses et d'emplois», nous a-t-elle affirmé. Ce rendez-vous, qui a pu regrouper des amateurs et des professionnels, devra, selon notre interlocutrice, impliquer davantage les pouvoirs publics pour la mise en place de projets structurés et aux normes, durables et surtout bien réfléchis, afin de canaliser cette grande demande nationale et internationale. Lors de sa visite effectuée jeudi au salon, le ministre de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi, a souligné que des ressources maritimes et halieutiques existent chez nous et peuvent être valorisées à la fois par les professionnels et les métiers qui concernent directement la pêche et les activités qui y sont liées dont la plaisance. Toutefois, il voit l'importance de la promotion d'une activité économique et industrielle, comme la construction navale. Un plaisancier a soutenu que pour la destination Algérie, bien qu'elle soit prisée, nos dirigeants ne font pas d'efforts. Un visiteur de La Madrague estime que ce salon est venu un peu trop tôt par rapport à la saison estivale, «mais je vois qu'il est prometteur pour le pays». Un jeune producteur, dans un autre domaine, se dit fier de voir la production "Made in Algeria".Des bulles d'air flottantes de 2 mètresSur la plage artificielle du port, des bulles d'air (ou babels) transparentes, de 2 mètres de diamètre, en PVC traité, donnaient du plaisir aux petits et aux grands qui y étaient embarqués. Une sorte de ballon flottant sur l'eau.«Je peine à proposer mes services faute d'autorisation des autorités locales afin d'activer sur les plages. J'interviens sur certaines plages privées?depuis 4 ans», nous a révélé le jeune Nadjib Kaoud de Aïn Benian. Un jeune à encourager en matière d'activités de plaisance puisqu'il nous a assuré qu'il est capable de donner du plaisir avec ses bulles sur les rivières, piscines, dans les montagnes et le Sahara. En tout cas, les 3 «babels» n'ont pas eu le temps de se vider avec la chaîne incessante des curieux qui voulaient découvrir ce nouvel outil de plaisance.