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Le naufrage institutionnel, un dommage collatéral



Le naufrage institutionnel, un dommage collatéral
Le gouvernement a sous-estimé la profondeur du malaise qui rongeait la police, c'est aujourd'hui une évidence implacable. L'aveu, à la fois terrible et accablant, aurait été fait, du reste, par le Premier ministre, en aparté, quelques instants après la fin de sa rencontre, mercredi dernier, avec les représentants des policiers contestataires rassemblés alors, par centaines, devant le siège de la présidence de la République.On dit pourtant que "gouverner, c'est prévoir", mais notre gouvernement n'a manifestement rien vu venir.L'impuissance de nos institutions à engager des actions curatives efficientes est largement mise en évidence depuis que le pouvoir se contente de compter les morts à Ghardaïa où persistent encore le désordre et l'insécurité, avec leur lot de victimes et de séquelles physiques et psychologiques qui seront difficiles à traiter. Désormais, elles se révèlent également inaptes à l'analyse préventive des événements, donc à alerter sur les dangers qui peuvent guetter le pays et attenter à la cohésion sociale, voire à la paix civile.Les politiques sont nombreux, depuis le coup de tonnerre des "tuniques bleues", à expliquer sommairement, un peu trop expéditivement par endroits, cet état de fait qu'ils mettent sur le compte d'une "vacance du pouvoir". Certes, ce n'est déjà pas peu dire. Mais, pour une meilleure compréhension de ce qui s'apparente, en définitive, à un naufrage institutionnel en cours, il aurait fallu démonter les mécanismes par lesquels cette vacance du pouvoir que l'on doit à la maladie du Président a (déjà) abouti à l'anéantissement des capacités d'anticipation du régime lui-même, et y compris sur ce qu'il pourrait considérer comme une menace sur son propre règne. Eloigner le DRS de la sphère politique pour l'amener à se consacrer à ses missions naturelles de renseignement et de prévention est assurément un projet noble.Encore faut-il qu'un tel projet soit inscrit dans le cadre de réformes politiques plus globales, plus profondes, et porté par un pouvoir doté d'une légitimité populaire incontestée et incontestable. Mais le déstructurer et affaiblir ses capacités opérationnelles, en encourageant les démons de la division et du clanisme au sein d'un corps aussi sensible, est assurément une manœuvre dangereuse. Elle peut éliminer un obstacle, réel ou supposé, devant un certain goût pour le pouvoir absolu et éternel, mais au-delà, elle peut aussi entraîner des dommages collatéraux. n




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