Algérie

Le naufrage espagnol



Il est arrivé à José Manuel Albares, chef de la diplomatie espagnole comme ce voyageur, distrait, engagé dans les vases d'un chott. Plus il tente de se dégager, plus il s'enlise. Depuis une semaine, la presse espagnole et internationale pullule d'analyses et de commentaires soulignant l'amateurisme d'un diplomate qui a mené son pays au bord du précipice par une accumulation de dangereux faux pas: un grave manquement diplomatique envers l'Algérie, son voisin stratégique, une césure au sein de la classe politique et des indices d'une crise économique très mal venue en ces moments d'instabilité mondiale. Dans un brûlot qu'il a publié, avant-hier, le site espagnol dédié à l'information politique et d'opinion, El Independiente, a cloué au pilori José Manuel Albares relevant son incapacité manifeste et pathétique. Au fond, c'est «une ignorance totale de ce que signifie l'Algérie et de la manière de traiter avec ce pays», a relevé ce média de tendance libérale, affranchi des autorités politiques. «Et l'affaire a fini par exploser et Albares ne peut penser qu'à la pire des solutions: aller en Europe», regrette le journal espagnol. Au ministère espagnol, note ce journal on-line, on lie ces bévues à la décision d'Albares de se passer de fonctionnaires meurtris par des années de travail discret et à l'ordre de les remplacer par des diplomates moins expérimentés, une sorte de «voyous» qui applaudissent le ministre et ne discutent pas ses résolutions. En filigrane, se décline un profond malaise au coeur «du château diplomatique espagnol». El Independiente explique que c'est à cause de cette absence d'expérience que la diplomatie espagnole a été menée «pire héritage en politique étrangère après la décision d'envahir l'Irak». «Ce sont deux héritages vraiment difficiles, complètement empoisonnés», regrette, la même source. Les dégâts collatéraux sont nombreux et coûteux pour la péninsule Ibérique. Depuis le début de cette crise, les entreprises espagnoles font face à une cascade d'annulations de commandes en provenance d'Algérie. Au lieu de s'adresser à Alger et tenter un règlement à l'amiable, José Manuel Albares a décidé de se diriger vers «mama Brussels». Citant d'anciens diplomates, le journal El Independiente fait remarquer, que le voyage soudain d'Albares à la recherche de chaleur de l'UE dans la grisaille de Bruxelles est le dernier épisode des «erreurs catastrophiques qui ont commencé en mars, avec le changement de déposition historique et unilatéral dans le Sahara occidental». Une succession malheureuse de dérapages qui compliquent, désormais, l'équation de la reconstruction des liens entre Madrid et Alger sans opérer une nouvelle rupture avec Rabat. Le dilettantisme du MAE Albares «finira par lui coûter son poste en raison de la proximité qu'il présume avec Pedro Sánchez». « Il est ministre alors qu'il a l'expérience d'un directeur général adjoint et d'un conseiller culturel à Paris», lâche le journal El Independiente. Ce n'est pas la politique étrangère de l'Espagne qui inquiète mais c'est Alvares lui-même. Non seulement cette débâcle hypothèque l'avenir politique, mais plus grave, elle réveille les divisions au coeur même de la classe dirigeante du royaume. Les erreurs accumulées depuis le changement de position dans le différend sur le Sahara occidental placent le ministre des Affaires étrangères sur la cible, de plus en plus questionnée, les voix qui doutent déjà de sa continuité s'intensifient. Et voilà les prémices d'une crise gouvernementale qui pointent du nez. Ainsi, la crise diplomatique ouverte avec l'Algérie a placé Albares dans le collimateur, onze mois seulement après son arrivée au ministère. Il y a ceux qui dépoussièrent le «chemin de croix» subi par son prédécesseur. Sánchez s'est débarrassé d' Arancha González Laya pour tenter de sortir de la crise avec le Maroc concernant l'accueil de Brahim Ghali. Le président pourrait désormais emprunter la même voie malgré l'insistance avec laquelle il est affirmé depuis La Moncloa qu'Albares bénéficie d'un «soutien total et retentissant». Le «festival» que nous réserve cet épisode ne fait que commencer.


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