Le retrait du contingent américain de Syrie, annoncé par Donald Trump le 19 décembre 2018 et lancé officiellement le 4 janvier 2019, a suscité une vague de critiques à Washington, en Europe et dans les pays arabes. Ankara, Moscou, Téhéran et Damas ont approuvé cette décision. Les analystes s'interrogent: le Président américain commence-t-il à prendre conscience de la gravité des conséquences de sa décision pour le Proche-Orient et la sécurité des USA ou fait-il simplement une concession à ses opposants afin d'atténuer les différends et imposer sa décision' Dans le premier cas, il ne faudrait pas exclure un changement radical de l'ordre déjà donné, sous un prétexte spécieux. Dans le second, il pourrait plutôt s'agir de man?uvres politico-administratives. Dans tous les cas, l'argument principal de Trump - "la défaite de Daech" - est de plus en plus remis en cause, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.Le sénateur Lindsay Graham affirme que le retrait des unités américaines constituerait une "grande victoire pour Daech*, l'Iran, Bachar el-Assad et la Russie". Mais ce sont les démissions du chef du Pentagone James Mattis (20 décembre), du représentant spécial pour la lutte contre Daech* Brett McGurk (22 décembre) et du vice-amiral Kevin Sweeney, chef de l'appareil du Pentagone (5 janvier) qui ont fait le plus de bruit. James Mattis a directement parlé de "différends globaux" avec le Président sur la Syrie.
Par contre, les décisions du locataire de la Maison-Blanche vis-à-vis de la Syrie sont publiquement approuvées par de nombreux démocrates. Le congressiste de Californie Ro Khanna souligne que les forces américaines se trouvent en Syrie non seulement sans mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, mais également sans résolution du Congrès américain.
Face aux divergences manifestes au sein de son équipe concernant la Syrie, Donald Trump mise pratiquement sur son unique collaborateur loyal: James Jeffrey. Ce dernier sera chargé de mettre en application le retrait du contingent de Syrie, ce qui signifie l'abandon total de la stratégie présentée en août par l'administration.
La presse européenne résume les craintes des Européens: les actions des USA pourraient entraîner la renaissance de Daech*, le massacre des Kurdes, de nouvelles vagues de réfugiés en Europe et des "avantages stratégiques" pour la Russie.
Le 20 décembre déjà, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Danemark ont exprimé au niveau ministériel leur désapprobation du plan de Donald Trump. Quelques jours plus tard, la position de la France a été réaffirmée par Emmanuel Macron qui a déclaré que le contingent français maintenait sa présence en Syrie pour apporter un soutien aux partenaires de la coalition sur le terrain - c'est-à-dire aux Kurdes et aux rebelles syriens. Pour sa part, le chef de la diplomatie danoise Anders Samuelson a appelé les pays de l'UE à inciter de manière coordonnée la Maison-Blanche à "changer d'avis sur la Syrie".
Les événements qui ont suivi la déclaration de Donald Trump concernant le retrait du contingent des USA de Syrie ont confirmé que les 2.000 soldats américains qui le constituaient n'y jouaient pas un rôle majeur sur le plan militaire (les opérations étaient organisées par l'aviation des USA et d'autres pays de la coalition), mais étaient un facteur de dissuasion limitant les inquiétudes d'Ankara, de Damas, de Téhéran et de Moscou. Dans ces conditions grandit la tentation pour Ankara et Damas, de recourir à la force pour atteindre leurs objectifs: pour la Turquie afin d'assurer le contrôle du Kurdistan du Nord, pour Damas afin de rétablir l'intégrité territoriale du pays dans ses anciennes frontières.
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Posté Le : 16/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com