Algérie

Le mystérieux Dr Bruce Ivins



Un scientifique du gouvernement américain s'est suicidé alors qu'il était sur le point d'être poursuivi dans le dossier des attaques mortelles au courrier empoisonné à l'anthrax qui ont touché les Etats-Unis en 2001, a appris l'AFP vendredi dernier auprès de son avocat. Dans un pays encore sous le choc des attentats du 11 Septembre, ces courriers empoisonnés avaient fait cinq morts et 20 blessés et provoqué une vague de panique. Les lettres contenant de l'anthrax étaient envoyées aussi bien aux médias qu'aux grandes institutions comme le Congrès, contaminant aussi le personnel des centres postaux. L'enquête s'était assez vite dirigée vers la piste du terrorisme intérieur. Bruce Ivins, 62 ans, était un « scientifique à la renommée mondiale et couvert de décorations » qui « a travaillé au service de son pays pendant plus de 33 ans », a déclaré son avocat, Paul F. Kemp, dans un bref communiqué. Selon les médias américains qui ont les premiers rapporté l'affaire, M. Ivins a été déclaré mort mardi dernier dans ce qui ressemble à un suicide, ont-ils précisé. Il travaillait depuis 18 ans dans un laboratoire d'élite de recherche sur les armes biologiques, à Fort Detrick, dans le Maryland (est) et avait aidé les enquêteurs du FBI dans le cadre de l'analyse d'une des enveloppes contenant de l'anthrax envoyée à l'automne 2001 au bureau d'un sénateur à Washington. Selon le Los Angeles Times, il utilisait la bactérie du charbon à des fins d'expériences sur des vaccins. Son nom n'a pas été publiquement cité comme suspect dans cette affaire mais, selon le Washington Post, qui ne cite pas de source, l'accusation réfléchissait à réclamer la peine capitale à son encontre.PressionsContacté par l'AFP, le FBI n'a pas souhaité « à ce stade » faire de « commentaire officiel ». « Depuis six ans, le Dr Bruce Ivins coopérait à l'enquête et aidait le gouvernement quelles que soient les questions de celui-ci », a assuré son avocat, en regrettant « la pression incessante exercée sur lui par ces accusations et ces insinuations ». Il s'est dit « déçu » que cette « mort prématurée » lui retire « la possibilité de défendre son nom et sa réputation devant un tribunal », a-t-il ajouté, affirmant l'« innocence » de son client. Selon l'une des personnes avec qui il travaillait, citée par le LA Times, Bruce Ivins souffrait de dépression, une version confirmée par un de ses deux frères, Thomas Ivins, également cité par le quotidien et pour qui ce décès n'a pas été une surprise. De même source, Bruce Ivins avait été récemment écarté de certaines zones sensibles sur son lieu de travail et allait être contraint à prendre sa retraite au mois de septembre prochain. Sa mort a été annoncée par courrier électronique à ses collègues, sans mention d'un éventuel suicide. La panique avait saisi les Etats-Unis entre le 5 octobre 2001, où la maladie du charbon a fait une première victime, et le 21 novembre de la même année, où les attaques se sont mystérieusement arrêtées, après un dernier décès, une femme de 94 ans dans le Connecticut. « L'enquête, intitulée 'Amerithrax' est une des plus complexes et des plus étendues jamais conduite », a précisé vendredi le Département de la Justice dans un communiqué, évoquant « 17 agents spéciaux du FBI et 10 inspecteurs postaux ». Ceux-ci avaient dressé le portrait-type de l'assassin : un scientifique chevronné seul ou bénéficiant de complicités, résidant sur le territoire américain et parfaitement au courant des méthodes de maniement du dangereux bacille.Les enquêteurs du FBI avaient porté leurs soupçons sur un collègue de Bruce Ivins. Steven Hatfill, chercheur, expert en armes biologiques et employé du laboratoire de Fort Detrick, avait été désigné comme suspect au début de 2002 par l'ancien ministre de la Justice, John Ashcroft. Hatfill avait par la suite poursuivi le gouvernement américain pour diffamation. Il a obtenu gain de cause en juin dernier. L'administration Bush a accepté de lui verser 5,825 millions de dollars en dédommagements et 150 000 de dollars par an pendant 20 ans.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)