Algérie

Le mutisme des autorités et l'indifférence de tous


Que signifie cette date du 3 décembre ' Officiellement, c'est la journée mondiale des handicapés. Sous d'autres cieux, cette frange de la société n'est pas marginalisée, loin s'en faut ! Dans la plupart des cas, le handicap lui-même devient un atout. Les personnes handicapées sont même les plus douées, et dans tous les domaines, sportif, musical, littéraire, scientifique' Ils sont brillants, partout. Nous avons rencontré, en la circonstance, des non-voyants, qui n'attendent plus rien, ou à peine, des pouvoirs publics. Ils se disent las d'attendre quelque chose, las de susciter la pitié, las d'amuser la galerie, une fois par an. Ils sont tous très pauvres, réduits à vivre d'une pension dérisoire, « insultante », disent-ils. Les plus vieux ont renoncé à faire valoir quoi que ce soit, ils espèrent un peu plus pour les jeunes. Saâd, un non-voyant quinquagénaire, le visage rayonnant d'intelligence, nous dira avec un humour décapant : « Je me suis mis au braille, peut-être aurai-je un diplôme qui me permettra de briguer un siège au sénat. »Au niveau de la wilaya de Constantine, l'on se rappelle des handicapés tous les 3 décembre pour se donner bonne conscience, puis plus rien. Pourtant, ils ne veulent pas de la charité, ils ont soif d'être considérés comme des personnes à part entière. Abderrazak, un jeune non-voyant, excellent nageur, rêve de devenir un champion, mais personne ne veut l'orienter, ni l'encourager dans cette voie, car, son handicap est rédhibitoire aux yeux de tous. La plupart apprennent très vite, ont une mémoire prodigieuse ; ils sont réellement créatifs. Qu'a-t-on fait également pour les non-voyants de l'établissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH), ex-Enabros, lequel a mis la clé sous le paillasson en septembre 2004, notamment pour les plus jeunes d'entre eux, qui ne peuvent encore prétendre à la retraite ' Le départ volontaire non plus n'est pas une solution. Ils avaient un métier, pas sot, celui de fabriquer des balais, et ils se retrouvent sans rien, à vivre « aux crochets de la société ». On aurait pu sauver cette unité, pourtant ! Et dire que les Algériens achètent des balais égyptiens ! Nous demandons humblement pardon à toutes ces personnes dites à tort handicapées- car il n'est pas de pire handicap que la bêtise- de les relancer le 3 décembre.
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