Algérie

Le Musée national de Bangui pillé



Le Musée national de Bangui pillé
Les guerres ne font pas que des victimes humaines et des dégâts économiques. En Afghanistan, en Syrie, en Irak et depuis quelques semaines en Centrafrique, le patrimoine subit de graves dégâts. Le Musée national n'a plus de stores, de vitres et de portes. Saccagé par les violences qui ont éclaté en décembre dans Bangui, il est fermé. Comme si la nature devait ajouter au désastre humain, le bâtiment, construit sur un terrain marécageux, s'enfonce inexorablement dans la terre. Sa jeune directrice est cependant présente à son bureau sans porte. « Venez seulement à partir de 10 heures, avait prévenu, la veille, le vigile, car, comme les gens ne sont plus payés, ils viennent en saccades ». Elle tient d'abord à préciser que, d'emblée, l'histoire de l'unique musée national était mal partie. « Il a été construit en 1950 sur un terrain marécageux pour abriter une clinique. Après l'époque coloniale, il est devenu la résidence du père fondateur de la nation, Barthélémy Boganda, avant de devenir musée en 1965 ». « Seulement, la maison commence à s'affaisser, l'eau coule constamment, regardez ces lézardes dans les murs ». « De plus, ajoute-t-elle, il ne répond pas aux normes universelles d'un musée, la lumière, trop directe, abîme les collections. » N'empêche, ce musée ethnographique était ouvert jusqu'au 5 décembre 2013. Un mois plus tard, début janvier, la directrice revient au musée et elle trouve, éparpillées dans l'herbe sauvage, des pièces de collection : des photos en noir et blanc, des poteries, des instruments de musique, des couteaux de jet, des arcs sans flèche. « Ils ont vraiment eu le temps de piller, mais il reste encore des collections qui n'étaient pas exposées, faute de place. On voit que ce n'était pas des antiquaires, ils auraient préféré ne trouver que des ordinateurs », observe-t-elle.Conseil aux touristesElle relève que ce sont les calebasses des Peuls (pour boire) et, surtout, les bâtons de commandement qui ont été volés. « Les bâtons de commandement détiennent des pouvoirs mystiques, explique-t-elle, ils sont remplis de puissances, bénéfiques ou maléfiques selon la volonté de celui qui les possède. Ils sont faits de certains arbres de la forêt et se transmettent. » Ses yeux s'illuminent lorsqu'elle parle ethnographie mais s'assombrissent vite lorsqu'elle évoque l'ampleur des dégâts, l'insécurité constante, l'hypothétique financement qui serait nécessaire pour renflouer le vieux rafiot patrimonial. « Nous sommes confrontés à un problème crucial. Nous ne cessons de constater les cas de vandalisme accumulés depuis. Même maintenant, la nuit, des gens continuent de venir voler ». Il leur faut trouver l'argent pour renforcer le dispositif de sécurité. Et, en attendant, la directrice vient tous les jours. Même si elle n'est plus payée depuis cinq mois, comme les autres fonctionnaires du musée, et de beaucoup d'autres administrations. « J'ai un chef au dessus de moi. Si je ne viens pas, il me sanctionnera. » Pourquoi sourit-elle toujours dans son bureau du musée national dévasté ' « Si on reste triste, on va tomber malade. » Hypothétiques touristes, ne cherchez pas d'autres musées à visiter dans Bangui : « Le musée de la femme a été complètement saccagé, on ne peut même pas y trouver une aiguille, et celui des Peuls a été brûlé ».




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