Le musée Ahmed-Zabana mise sur la sortie patrimoniale Oran

Samir Ould Ali

Depuis une semaine environ, la direction du musée Ahmed-Zabana d'Oran a mis en application la nouvelle tarification d'accès qui multiplie par dix le prix de l'entrée. Une mesure prise, il y a quelques mois, par le ministère de la Culture qui avait créé une grosse
polémique et provoqué la panique chez les personnels des musées. Pourtant, à entendre Mme Fatiha Silem, la directrice du musée d'Oran, les premiers effets ne sont pas catastrophiques. «Il semble que mes craintes étaient exagérées.
A première vue, il semble qu'il y a une baisse de la fréquentation mais pas telle que je l'appréhendais», s'étonne-t-elle en soulignant toutefois que la nouvelle tarification étant appliquée depuis quelques jours seulement, il est encore tôt pour se faire une idée précise de son impact sur le nombre et la qualité des visiteurs. Ce qui est d'autant plus vrai que l'évaluation de la situation peut être faussée par la commémoration du mois du patrimoine qui, c'est bien connu, favorise traditionnellement l'augmentation de la fréquentation du musée. Car, depuis le 18 mars dernier, Ahmed-Zabana foisonne d'activités et mise pour le samedi 18 mai - à la fois Journée internationale des musées et journée de clôture du mois du patrimoine- sur la sortie patrimoniale et la projection d'une vidéo englobant l'ensemble des activités que l'institution aura organisées ou abritées depuis le 18 mars. Selon Fatiha Silem, deux visites patrimoniales sont au menu du 18 mai, l'une en direction de Portus Magnus - situé dans la daïra de Bethouia, à une quarantaine de kilomètres à l'est d'Oran - et l'autre dans le quartier à très forte charge historique et archéologique de Sidi El Houari. Deux sorties propres à permettre une meilleure sensibilisation autour de la nécessaire sauvegarde du patrimoine historique comme garantie de préservation de la mémoire collective.
La projection vidéo, elle, aura lieu dans l'enceinte du musée même, qui abrite depuis le lancement du mois du patrimoine un certain nombre d'activités dont des expositions thématiques -Cinquantenaire de l'indépendance oblige- autour de l'Emir Abdelkader et d'Ahmed Zabana, et des textes poétiques portant les signatures de Moufdi Zakaria, Mohamed Al Khalifa, Ali Maachi et d'autres poètes de la Révolution algérienne. Le tout, naturellement, autour de l'exposition de l'ensemble des objets témoins de la résistance conservés par l'institution muséale depuis 1962.
Des conférences sur le patrimoine étaient également au programme du musée depuis le 18 mars dernier, animées par des universitaires et spécialistes de la question : «Syphax, le roi oublié» de Khaled Omar Farouk, «Ecriture latine du site de Tafna, Tlemcen» de Nadéra Bouhafs et «La conservation préventive des sites et monuments» de Omar Zaaba, archéologue. De même que des films et documentaires, concours de dessin pour enfants et visites guidées ont été, cette année, au centre de la commémoration du patrimoine au musée Ahmed-Zabana, qui annonce accueillir dans les prochains jours divers artisans (potiers, céramistes') dans le cadre d'ateliers sur l'artisanat qui permettraient au grand public de toucher de près ces disciplines en voie de disparition.
S. O. A.