Algérie

Le musc du jasmin' Edito : les autres articles



Le musc du jasmin'                                    Edito : les autres articles
Les Tunisiens vont se rendre aux urnes ce matin. C'est un jour historique. Historique, parce que c'est la première fois depuis l'indépendance de leur pays qu'ils iront voter sans connaître les résultats du scrutin. C'est surtout la première fois qu'ils sentiront vraiment qu'ils tiennent leur destin et l'avenir de leur pays entre leurs mains. Ce 23 octobre sera donc à marquer d'une pierre blanche par les Tunisiens qui ont tant souffert sous la botte du président déchu Ben Ali.
C'est, toute proportion gardée, un scrutin équivalent au référendum d'autodétermination de l'Algérie en 1962. Un peuple qui renaît, des langues qui se délient, une liberté qui s'exprime ' par un bulletin ' et, au bout, la joie incommensurable d'un peuple qui acquiert enfin la citoyenneté. Il faut avoir vécu sous Ben Ali pour comprendre le sens de ce 23 octobre dans la jeune histoire de ce pays. «Nous sommes heureux, excités et confiants», s'exclamait comme un enfant le président de la Commission électorale tunisienne, Kamel Jendoubi. Et pour cause ! Certains ne croyaient même pas les Tunisiens capables de couronner leur révolution par une élection au suffrage universel tant les contre-révolutionnaires, internes et externes, étaient, depuis janvier, à l'affût pour faire foirer le processus démocratique.
Mais il était dit quelque part que ces Tunisiens, qui ignoraient presque tout de la politique et ses subtilités, allaient transformer ' certes laborieusement ' leur pays en un exemple in vivo de démocratie dans le Monde arabe. Et c'est incontestablement le premier fruit, le premier musc de la Révolution du jasmin. Au-delà du (ou des) vainqueur(s) du scrutin que seules les urnes vont désigner, comme l'a assuré le chef de la mission des observateurs de l'Union européenne, Michael Gahler, il faut déjà se réjouir de ce que la Tunisie ait osé et réussi l'élection d'une Assemblée constituante. Il faut se féliciter aussi de ce qu'aucun dépassement n'a été signalé durant la campagne, mis à part la fausse note cathodique de Nessma TV.
Il reste juste à confirmer que le fantôme islamiste de Ghannouchi n'est qu'un épouvantail brandi opportunément par ceux qui sont déjà nostalgiques de la délicieuse vie sous le parapluie de Ben Ali. Pour le reste, les Tunisiens auront aujourd'hui le privilège d'écrire ou de réécrire une page glorieuse d'un Monde arabe sorti de son arriération politique dans laquelle l'avaient plongé ses dirigeants un demi-siècle durant.
Ironie de l'histoire, les Tunisiens cueilleront en ce jour béni les fruits de leur révolution pendant que leurs voisins libyens proclameront, le même jour, la libération de leur pays et le succès de la leur' Puisse donc le jasmin répandre son parfum sur la Tunisie, la Libye et tous les peuples arabes qui souhaitent ôter les baillons et briser les chaînes de l'asservissement qui les empêchent de découvrir autre chose que leurs tyrans narcissiques.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)