Finalement, le MSP quitte l'Alliance de gouvernement sans quitter le gouvernement. Dans n'importe quel pays à classe politique sérieuse, on pourrait se poser la question : comment est-ce possible ' Pas en Algérie. Dans le domaine de la pratique politique, nous n'avons pas encore touché le fond du burlesque.
La décision du MSP rappelle, si besoin est, le rôle parfaitement ustensilaire des partis politiques dans notre système, particulièrement depuis l'avènement du régime Bouteflika. Tout le montage institutionnel n'a d'autre fonction que celle d'habiller d'apparats républicains de toc un pouvoir strictement autocratique. La décision y est le produit exclusif d'arbitraire ou de consensus et de tiraillements entre forces occultes. Tout le reste n'est qu'accompagnement ornemental. Et la République a un fonctionnement de cour où l'intrigue et le panégyrique tiennent lieu de contributions politiques.
Dès 2000, l'Exécutif était ouvert à toutes les formations politiques, à condition qu'elles abandonnent leur programme au poste de police du Palais du gouvernement. Ce qui n'a pas empêché ces même formations de se présenter aux législatives de 2002 avec' des programmes. Pour rien. Pour une Assemblée dont les groupes de la majorité doivent soutenir, non pas leurs programmes, mais un programme qui n'est pas le leur. Nul autre que le pouvoir suprême, personnel ou informellement élargi n'influe sur la marche des affaires du pays. Toute force, tout courant peut venir s'y accrocher : il vaut mieux qu'il soit là à écornifler sa part de rente qu'être dans l'opposition à importuner l'ordre régnant. Si, quand même : une opposition symbolique, réduite à une taille qui assure son impuissance, reste utile pour servir, illustrer le fait que la contradiction reste tolérée.
La vie politique ainsi neutralisée, il ne restera au régime qu'à traquer, par la répression ou par la tentation, l'opposition qu'il n'a pas pu normaliser. Soltani et les siens savent ce côté comédie de la vie politique et institutionnelle du pays. Et ils en usent jusqu'à soutenir le pouvoir auquel ils s'opposent, jusqu'à en révéler les travers les plus insoutenables. L'Algérie possède le seul régime au monde où l'on peut 'gouverner' sans appartenir à 'l'Alliance' censée gouverner.
Cette espèce de fausse pudeur d'un système où tout peut se faire, à condition de ne pas le dire au peuple, a permis au Hamas de devenir, après l'adoption de la Constitution de 1996 interdisant la création de partis politiques sur des bases religieuses, le MSP, Mouvement pour une société de paix, de sorte à garder les mêmes initiales qui donnent Hamas en arabe. Aujourd'hui, cette même possibilité d'user de la combine lui permet de quitter' sans rien quitter. Et cela parce que le régime a inventé, pour les besoins d'une vitrine politique qui voile plus qu'elle ne montre, une alliance qui n'en est pas une.
La décision du MSP serait 'un non-événement', comme le fait remarquer le FLN, si elle ne révélait en même temps ceci : dans notre caricature de République, la cupidité populiste peut se mouvoir comme un poisson dans l'eau et insulter l'intelligence d'un peuple qui, après tout, mérite mieux que des institutions qui autorisent son humiliation.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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Posté Le : 03/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com