Algérie

Le MSP fait de l'opposition Le parti a quasiment gelé sa participation à l'APN



Le MSP fait de l'opposition                                    Le parti a quasiment gelé sa participation à l'APN
S'il est un parti qui s'est particulièrement distingué par une abstention répétée lors des séances de vote sur les réformes politiques à l'APN, c'est bien le MSP. Voilà une attitude singulière du parti de Bouguerra Soltani, membre de la coalition présidentielle, qui suscite bien des interrogations. Mais point de mystère pour les observateurs. Cette ambigüité découle, comme l'eau de source, des positions passées et actuelles du parti. S'agissant de l'abstention lors du vote des lois sur les réformes politiques, un communiqué du groupe parlementaire explique cette position par le fait que les réformes du président de la République sont dévoyées de leurs contenus tel qu'il a été voté lors du dernier Conseil des ministres. Son chef du groupe parlementaire précise dans son intervention devant l'hémicycle que «pour réussir, les réformes ont besoin d'une réelle volonté politique, adoptée par tout le monde loin de leur égoïsme partisan». A comprendre : le MSP accuse ouvertement ses partenaires, à savoir le FLN et le RND, de «dévoyer» et, de «vider de leurs sens», les réformes politiques du président de la République. D'ailleurs, lors de son dernier meeting, n'a-t-il pas adressé des flèches empoisonnées à ses deux partenaires ' Bouguerra Soltani, visiblement sorti de ses gonds, a affirmé, haut et fort, que «le parti, qui se dit grand, est prétentieux», et que «le parti, qui prétend régler à lui tout seul les problèmes des aAlgériens, est menteur». Il ne reste plus à ce parti, qui a déjà un pied en dehors de l'alliance présidentielle, qu'un pas à franchir pour quitter définitivement le triumvirat de partis dont la raison d'être est le soutien au programme du président de la République. Mais en attendant, le MSP continue de faire de l'opposition «soft», en droite ligne de ses idéaux qui se situent dans la «wassatia oual i'tidal» (milieu et modération) de la mouvance islamiste, et qui lui dictent ce comportement loin de l'opposition frontale. La décision est lourde de conséquences, certes, et risque de lui coûter la fin des privilèges gagnés de sa participation au gouvernement où il détient deux portefeuilles. Même si cela reviendrait à trahir l'esprit de la consigne de feu son leader Nahnah, qui s'est lancé dans le soutien du candidat Bouteflika en 1999, le MSP entend parfaitement tirer vers lui la situation. D'où son comportement qui s'apparente à une opposition aux lois portant les réformes politiques. L'on feint presque d'oublier que la question de l'avenir du parti au sein de la coalition et au gouvernement a fait l'objet d'une polémique au sein de plus haute instance du parti du moment, le conseil consultatif (Majliss Echoura), à la demande d'une partie de la base de plus en plus sceptique de l'utilité d'une telle participation. Cette poussée de mécontents qui gardent toujours en mémoire que le parti a été sevré d'une victoire aux élections présidentielles de 16 novembre 1995. Les militants de ce parti sont intimement convaincus, à tort ou à raison, que leur candidat feu Mahfoud Nahnah (ayant obtenu le deuxième score avec 25,6 % des suffrages) avait été largement vainqueur, mais que les résultats avaient été trafiqués au profit du candidat Liamine Zeroual qui a récolté 61,34%. Dans leur profonde conviction, les militants de cette formation estiment qu'ils valent beaucoup plus que les résultats qui leur ont été attribués, et qu'après le parti dissous, comme l'une des premières forces politiques du pays, en tant que dépositaire du courant islamiste. Surtout qu'il fait office de prolongement de la confrérie des frères musulmans, qui a le vent en poupe ces derniers temps avec les révoltes arabes. Le MSP, qui sent le vent venir, veut se repositionner et se forger une image d'opposant, qui paie par les temps qui courent auprès de l'opinion publique nationale et internationale. La formation de Bouguerra Soltani entend se placer, in fine, dans la perspective des élections futures, notamment des élections législatives de 2012 et présidentielles de 2014. Des échéances qu'il s'est fixé depuis quelques années déjà, comme en témoignent ses précédentes déclarations, pour être la première force politique du pays.
A. R.


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