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Le MSP et l'AAV viennent en septième position Les islamistes en perte de vitesse



Une atmosphère et un décor pas du tout habituels ont été constatés, le jour du scrutin, au siège du MSP. La dernière scission, provoquée par le départ du clan Ghoul, est, semble-t-il, loin de passer sans laisser ses séquelles au sein de la formation islamiste d'Abou Djerra Soltani. Des séquelles qui étaient d'ailleurs très perceptibles sur le visage de quelques militants, dont plusieurs nouveaux promus retenus jeudi passé pour assurer la permanence du vote. Il faut dire que l'atmosphère était plutôt morose dans les dédales de l'imposant siège flambant neuf dressé à quelques encablures de celui de la Présidence à El-Mouradia.
Les séquelles de scission pèsent lourdement sur le MSP
Hormis le troisième étage où était installée la permanence de suivi du scrutin, les autres grands espaces qu'offrent les autres étages affichaient tous vides. Les représentants de la presse nationale, arrivant dès les premières heures de la journée, avaient du mal à trouver d'interlocuteurs de ce parti, autrefois communicatif à souhait. Il a fallu attendre la mi-journée pour enfin voir arriver le numéro un du parti, Abou Djerra Soltani, et son équipe restreinte, après l'accomplissement de leur devoir électoral. Cela, apprend-on, s'est passé du côté de Sidi-Fredj, pas loin de la résidence officielle du Club-des-Pins où réside le président du MSP, et néanmoins ex-ministre. Une fois la prière d'El Dohr accomplie, Soltani improvisera une conférence de presse en vue d'assouvir la curiosité des journalistes embusqués dans la grande salle du troisième étage. À l'instar du nouveau décor meublant le siège du parti, rénové tout récemment, le président du MSP, ancien allié du FLN et du RND au sein de l'Alliance présidentielle, a tenu un discours digne d'un opposant farouche au pouvoir. Il a commencé par remettre en cause les dernières réformes initiées par le président de la République dont le code communal et de wilaya ainsi que la loi électorale.
Soltani : 'Les résultats sont gonflés"
Pour lui, ces réformes n'ont rien apporté si ce n'est la régression dans la pratique démocratique. 'On s'attendait à ce que ces élections ne soient pas comme les précédentes vu qu'elles sont consécutives à des réformes. Hélas, ces réformes ne plaident pour aucun changement : le bureau de vote est resté le même que celui de 1963. Si la situation reste là, c'est une honte de parler d'élections dorénavant", a-t-il commenté, non sans mettre en avant une série de dépassements signalés à travers tout le territoire à l'occasion de ce scrutin. Soltani dénonce, entre autres, le vote massif des militaires et autres corps constitués, les inscriptions répétées ou encore l'absence des surveillants dans plusieurs bureaux de vote. De son avis, ces actes ne sont pas fortuits, car, estime-t-il, 'il y a une volonté administrative, sinon politique, de favoriser certains partis au détriment d'autres ; c'est un partage de quotas". Pour Abou Djerra Soltani, qui n'attendait pas grand-chose de ces locales, 'aujourd'hui, il serait peut-être plus judicieux d'opter pour la désignation des DEC, à l'ancienne, que de tromper l'opinion publique en vantant des élections pluralistes et démocratiques qui n'existent pas dans la réalité". D'où sa mise en garde, en ce jour du scrutin, contre le gonflement des résultats ou du taux de participation des électeurs à cette échéance. Il s'insurge déjà contre les premiers résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur à la mi-journée. 'Le taux 14% que vient d'annoncer le ministre est faux ; selon les échos que nous avons eus, le taux réel a atteint à peine 7%", a-t-il déclaré.
Les décideurs, l'Etat et... 'l'encre taïwan"
La qualité de l'encre utilisé lors de ce scrutin n'échappe pas à l'appréciation d'Abou Djerra qui le qualifiait 'd'encre de Taïwan et non pas de Chine". C'est un peu, a-t-il laissé entendre, à l'image de 'cet Etat taïwan".
Mais pourquoi alors le MSP a-t-il accepté de participer à ces élections ' Abou Djerra souligne que c'est 'une participation politique pour marquer notre présence, car s'inscrire aux abonnés absents c'est taire sa voix. Nous voulons participer pour surveiller ces élections et dénoncer la fraude". Accusant, visiblement, le coup d'avoir été lâché par le pouvoir, le chef de file des islamistes, puisqu'il représente également l'Alliance verte regroupant les deux autres partis islamistes (Ennahda et El-Islah), lance un message, à peine voilé, réconciliateur aux 'décideurs".
'À ceux qui appréhendent que le courant islamiste a la velléité de prendre seul le pouvoir, je tiens à préciser que notre stratégie est de participer au pouvoir et non pas de gouverner seuls ; nous voulons un partenariat politique", a-t-il dit. Qui visait-il par 'ceux" ' 'Je parle des décideurs : ceux qui organisent les élections, ceux qui donnent de la publicité aux journaux (...)", a-t-il répondu devant l'instance des journalistes, mais qu'il ne veut pas nommer...
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, dans l'après-midi d'hier, le MSP n'a pas changé d'avis dans sa lecture des élections locales, encore moins des résultats qu'il qualifie de 'gonflés" et qu'ils 'n'expriment pas la volonté du peuple". Néanmoins, la formation de Soltani considère que les résultats obtenus en son nom et au nom de l'AAV la mettent dans 'une position politique confortable au vu des conditions dans lesquelles se sont déroulées ces élections".
À signaler que le MSP et l'AAV, qui se sont présentés avec 700 listes APC, ont obtenu 10 APC chacun avec majorité absolue, et 76 sièges APW chacun. Politiquement, ils se classent septième.
F A


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