Algérie

Le MRAP dénonce un acte raciste L'exploitation agricole d'un Algérien incendiée en France


L'exploitation agricole d'un jeune viticulteur algérien, Toufik Khenouche, à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) en France, vient de faire l'objet, pour la troisième fois en deux ans, d'un incendie dont l'origine n'est pas encore connue avec exactitude. Les faits troublants qui entourent cette affaire, privilégient pourtant la thèse d'un acte criminel à connotation raciste. Sa mère rêvait qu'il soit médecin. Mais Toufik Khenouche a choisi d'être agriculteur. Ce jeune Montalbanais d'origine algérienne, qui exploite huit hectares de raisin de table au lieu-dit «Vigouse» à Castelsarrasin, est aujourd'hui la cible de menaces et même d'actes criminels visant son activité. Sa stratégie de se spécialiser dans une seule variété de raisin, peu cultivée dans la région, le «muscat de Hambourg», s'est avérée judicieuse. De quoi susciter, peut-être, des jalousies. Mais que pèsent ces actes sans nom face au courage du jeune paysan de «Vigouse» et à tous ceux, famille et amis, qui sont derrière lui? Ce troisième incendie en l'espace de deux années, s'est déclenché dans la nuit du 25 au 26 novembre dernier, soit, quelques semaines seulement après une marche de soutien à cet exploitant agricole, organisée par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) à Castelsarrasin pour dénoncer le harcèlement et l'acharnement sans relâche que subit, dans une indifférence presque totale des instances judiciaires, ce jeune agriculteur d'origine algérienne. Avant-hier, le Mrap a dénoncé officiellement l'incendie qui a provoqué la destruction d'une partie du hangar du viticulteur évoquant un «harcèlement raciste» dont ferait l'objet Toufik Khenouche. Dans un communiqué, le Mrap exprime «sa totale solidarité devant le harcèlement raciste dont fait l'objet Toufik Khenouche et sa famille. Il s'étonne des lenteurs de l'action de la justice dans la recherche de l'auteur de ces forfaits». Pour le mouvement présidé par Mouloud Aounit, «il existe des similarités entre les trois incendies. Par exemple, à chaque fois, le feu a éclaté dans la nuit de dimanche à lundi et un climat raciste perdure autour du paysan Khenouche». Dans son communiqué, le Mrap demande également «que tout soit mis en oeuvre pour protéger, de manière efficace, le site de ce jeune paysan», qui doit «faire appel à des sociétés privées pour assurer la protection de son exploitation». L'exploitation de Toufik Khenouche est, en effet, depuis 2 ans maintenant, la cible de plusieurs faits dont l'origine et les auteurs restent, à ce jour, inconnus. 19 décembre 2005. La première récolte de Toufik Khenouche est entièrement détruite par l'incendie du bâtiment de stockage. 4 jours plus tôt, un tag mentionnant «Pas d'Arabe paysan» est écrit sur le bâtiment. Une plainte est déposée au commissariat. 20 novembre 2006. Un ou plusieurs individus pénètrent par effraction dans les chambres froides où sont stockées plusieurs tonnes de «muscat de Noël» prêtes à être expédiées pour les fêtes. Les poches sont déchirées et de l'essence est aspergée sur les plateaux. La récolte est invendable. Plainte est déposée au commissariat. 26 décembre 2006, dans la boîte aux lettres du propriétaire de l'exploitation Bernard Gontrand, deux lettres anonymes dactylographiées réitèrent les menaces racistes. Plainte est déposée au commissariat. Toufik, pour sa part, évoque cette situation avec lucidité et beaucoup de dignité: «dans les écoles agricoles, j'étais déjà le seul Arabe de la classe. Des fachos, j'en ai rencontrés, mais c'était en face». Là, c'est différent. Les actes et lettres de menaces sont anonymes et touchent aussi bien Toufik Khenouche que Bernard Gontrand, le propriétaire de cette exploitation arboricole. Le 1er février dernier, les deux hommes ont d'ailleurs décidé, par l'intermédiaire de leur avocat Me Frédéric David, de porter plainte avec constitution de partie civile auprès du tribunal de Montauban. Selon la police, «l'enquête judiciaire est en cours d'investigation», mais «les premières conclusions laissent à penser que le feu serait d'origine accidentelle».
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