Algérie

Le mouvement intensifie sa lutte contre le pouvoir


C'est devenu viral pour les étudiants de marcher et d'investir les rues de la capitale, Alger et des villes des autres wilayas du pays. D'un pas déterminé, la génération high-tech et speed, comme désignée communément par les aînées a pris de l'avant et exprime explicitement et pacifiquement sa volonté de changer l'histoire. Tous azimut, main dans la main, les étudiants maintiennent le cordon de la pression et appellent «les tenants du pouvoir à dégager».Hier, tôt le matin, comme à l'habitude, les étudiants de toutes les facultés d'Alger ont préféré déserter les bancs de l'université et envahir la rue. Sans peur, ni relâchement, la mobilisation des universitaires algériens n'a pas faiblit, mais de l'élan. Ils ont tracé un schéma unique pour atteindre leur objectif celui d'assurer un avenir meilleur pour les générations à venir, dont ils seront les parrains. Sans distinction, sans prétention, les étudiants gardent le même message «Pouvoir dégage !» et la même espérance une «Algérie libre et démocratique». En plus de ces slogans, il y a d'autres plus hostiles et plus personnalisés appelant au «départ des 3 B», en l'occurrence Bensalah, Bedoui et Belaïz et d'autres caricaturant les personnalités politiques. Le but reste le même, celui d'inciter le reste du pouvoir à partir et procéder rapidement à la transition avec des figures choisies par le peuple pour opérer un changement radical. «Notre objectif est de rompre avec ce pouvoir et redonner un nouveau souffle à ce pays» commente Rania, étudiante à l'école supérieure de l'architecture d'El Harrach, Alger. Elle portait un casque jaune sur la tête et tenait une feuille à la main où figuraient les slogans de son groupe. Un nouveau mode de protestation fait son apparition depuis la dernière répression dont les universitaires avaient fait objet. S'asseoir au milieu de la rue et protester pacifiquement. C'était la méthode adoptée par les étudiants de l'EPAU et de la fac de Droit. Ces deux groupes ont squatté la rue Charras et la rue Didouche Mourad. A quelques mètres, un rassemblement important d'étudiants a siégé sur les escaliers de la Grande-Poste. Deux étudiants guidaient le mouvement en haut des marches. Ils lançaient des slogans, que le reste répétait en ch?ur. D'une seule voix et d'un seul geste, la main levée et l'emblème national hissé dans le ciel avec toutes les dimensions et toutes les nuances. Difficile de se faufiler dans cette foule compacte surveillée par un important dispositif policier, allant de la Grande-Poste jusqu'à la montée du Boulevard Mohamed V, disposé à intervenir pour disloquer les étudiants, comme nous avons l'habitude de le voir ces derniers jours. Un vent de liberté flottait dans les aires d'Alger-centre. L'arène de toutes les causes et revendications populaires. Il était 13h00, quand la nouvelle de la démission du président du Conseil constitutionnel circulait dans le mouvement. De bouche à oreille, les manifestants apprennent la nouvelle. Celle-ci a accueillie par une liesse et des sourires bien timides, signe de satisfaction et de désarroi. «C'est une bonne nouvelle, l'un des B contesté est écarté, mais comme tout est imprévisible ces derniers temps, je reste méfiant», indique Ramzi qui réagissait à la nouvelle, sans arrêter d'emboîter pour rejoindre ses amis. Un avis que partage, plusieurs étudiants sceptiques et inquiets de la succession des évènements politiques ces derniers jours. «C'est vrai que je ne comprends plus rien, mais j'ai la conviction que le mouvement populaire portera victoire», balance Aldja, ajoutant qu'«il faut aller vers la racine pour extraire le mal définitivement», une allusion scientifique, venant d'un esprit cartésien tel que celui de cette étudiante en 3ème année médecine. Ses camarades de lutte pacifique et juste marchaient au pas cadencé suivant leur chef du groupe. En deux mois, les étudiants ont pu réussir leur pari et braver les obstacles pour conduire leur mouvement de manifestation qui embelli les rues d'Alger et de toutes les autres villes du pays. La génération «Facebook» a démontré à l'infini sa soif de liberté et de changement pour une nouvelle Algérie. Leur comportement en dit long sur leur détermination. Dans la main des roses et des bouteilles d'eaux pour apaiser la soif et parfumer la brise marine qui les chatouillaient, à Tafourah. Un mouvement salué par les automobilistes qui les accompagnait tantôt par des klaxons et tantôt par des applaudissements. Les magasins, cafés et restaurants n'ont pas baissé leurs rideaux. Ils contemplaient ce mouvement uni et harmonieux des étudiants qui sillonnaient sans gêne et avec fierté les rues d'Alger. La mobilisation des étudiants algériens a gravi des échelons et devenue un exemple de contestation pacifique. Elle a le vent en poupe. La journée de manifestation s'est terminée dans le calme, sans incidents.
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