Algérie

Le mouvement est plus soucieux de son avenir



La manifestation de la détermination. Des milliers d'Algériens sont sortis pour le 13 vendredi d'affilée depuis le lancement du mouvement le 22 février dernier, lors de lequel le peuple a exigé le départ du pouvoir en place. Pour le deuxième vendredi de mobilisation de mois de ramadan, les Algériens ont occupé les rues de la capitale, Alger et de plusieurs autres villes du pays pour réclamer le départ des résidus du système politique, refusant ainsi la confiscation de leur droits civiques.Marche de la dignité, de la liberté et surtout de la résistance des familles algériennes pour le 13 ème vendredi consécutif sous la haute surveillance des policiers, dépêches tôt le matin aux lieux habituels des rassemblements populaires, bloquant ainsi l'accès au parvis de la Grande Poste. Ce qui n'a pas duré longtemps. Le cordon des forces de l'ordre a cédé à la pression des marcheurs qui se sont réappropriés leur espace d'expression. A peine 11h00 les premiers manifestants se préparaient à marcher et sillonner comme à l'accoutumée les rues du centre d'Alger. Un rituel hebdomadaire auquel s'adonnent les Algériens, hommes et femmes et même enfants. Intrigués et déroutés par les évènements politiques et judiciaires qui ne s'arrêtent pas depuis des semaines, le peuple maintient sa position et insiste sur sa revendication du départ inéluctable des tenants du pouvoir, tenaces qui s'agrippent au système en dépit de la contestation. L'effet dissuasif qu'a voulu provoqué le chef de corps d'armée, Gaid Salah, semble déstabiliser timidement le mouvement populaire. Certains avis divergent sur la solution constitutionnelle portée par le chef de l'institution militaire. Depuis une semaine, le mouvement commence à se scinder entre opposants et adhérents à la proposition controversée de Gaid Salah qui a promis de restituer au pays son argents volé et de sanctionner tous ceux qui sont impliqués dans des dossiers de corruption présumée. Plusieurs slogans hostiles à Gaid ont été scandés en ce 13 ème vendredi. « Que la malédiction du vendredi 13 les emporte avec elle », ironise Wassim, un trentenaire handicapé, mais qui a toujours participé à ce rendez-vous populaire. « Le temps presse et le verdict pourrait se prononcer par défaut », explique Rachid, le parrain du jeune Wassim qui pousse sa chaise roulante, en plein mouvement de foule, sous chaleur ardente et la sueur. Essoufflés, et même déshydratés, mais pas démotivés, les manifestants affluent en nombre à Alger centre pour renforcer de leur présence cette nouvelle mobilisation. Certains criaient à la liberté, à la démocratie et à la justice et d'autres appelaient à rendre le pouvoir au peuple et à une assemblée constituante pour régler la crise politique. Tel était le message brandi par el hadja Fatoum, qui se dit honorée de participer à une deuxième marche historique pour l'indépendance d l'Algérie. Du haut de son âge de 79 ans et de sa maladie cette vieille drapée du drapeau algérien, accompagnée de sa fille, lève une pancarte sur laquelle est placardée la photo de son petit fils porté disparu durant la décennie noire. Hanté par les souvenirs douloureux de cette période, Kader dit craindre les heures qui suivent. « On navigue à vue et les moments qui suivent peuvent revêtir plusieurs formes de dangers», s'exclame-t-il. Plusieurs personnes partagent son avis et certaines accusent certains médias de « machiavélisme » en profitant de la conjoncture actuelle pour m'attaquer l'opinion publique et propager la haine et le régionalisme. Répondant à cette question, Radjaa, scandalisée par cette « méthode radicale » produite par certains medias qui « visent à casser le mouvement », selon elle en parachutant au devant de la scène politique des personnes déguisées en éclaireurs de peuple. « Faut et faut » crie cette jeune maman qui craint pour l'avenir de sa fille, encore nourrisson. Elle était parmi les femmes qui ont forcé le bouclier policier pour accéder aux escaliers de la Grande Poste. Un espace fermé sur ordre de la wilaya d'Alger qui a prétexté dans son communiqué la fragilité des escaliers qui risquent de s'écrouler. « Nous voulons protéger les manifestants », écrit-elle dans sa note. La vie du protestataire semble, également, préoccuper les services de la gendarmerie qui ont bloqué tous les axes extérieur menant vers Alger. Eux par crainte de suffocation de la capitale qui ne peut supporter le poids de la foule. Bien qu'ils soient soucieux de l'avenir de leur action, les protestataires renouvelle leur promesse d'aller au bout de leur lutte pour la dignité et la liberté. « Adviendra que pourra », apostrophe Anas, avec ses amis qui à chaque fin du mouvement procèdent au nettoyage des rues de la capitale. 15h00, la foule se disperse, laissant place à la routine ramadanesques reprendre sa place.


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