Algérie

Le mouvement doit sécréter ses représentants



le mouvement populaire suit son cours inexorable
Jusqu'ici, différentes formes de structuration ont été esquissées.
Le mouvement populaire pourra-t-il sécréter ses représentants, condition sine qua non, pour passer à la phase supérieure' Aujourd'hui, l'impasse politique est traduite par une grande divergence entre le mouvement populaire qui suit son cours inexorable et les hommes-clés qui règnent sur les ruines du désormais ancien régime de Bouteflika. Pour certains observateurs, élire ou désigner ses représentants légitimes constitue le noeud gordien du mouvement. Jusqu'ici, différentes formes de structuration du mouvement ont été esquissées. D'abord, il y a des personnalités qui ont bénéficié de la plus forte médiatisation, qui sont mises en avant sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, des suggestions se sont multipliées pour proposer ces personnalités hypermédiatisées comme les icônes du mouvement qui devraient dialoguer avec les partis, la société civile et les décideurs autour de la transition démocratique en dehors du dogme constitutionnel. Cependant, à ce stade de la révolte qui s'installe dans la durée, le «dégagisme» fait rage. Et il faut dire que ce phénomène a ses limites et à terme, il pourra même empêcher l'émergence de toute forme de représentation du mouvement pour amorcer enfin le basculement vers un système démocratique effectif. Depuis ces personnages sont jugés par les manifestants comme «intéressés». Ils les ont suspectés d'être parrainés par des cercles occultes du régime ou financés par des officines étrangères. Ces dérives fausses ou avérées, ont commencé à disqualifier ces personnalités et par ricochet cette forme d'organisation «douteuse», jugée «inopportune» et «improductive». La foule serait toujours à la merci des manipulations des parties conduisant la contre-révolution. Et dans ce cas de figure, les manifestants ne peuvent que jouer le jeu du pouvoir qui veut avoir des interlocuteurs qu'il aurait lui-même choisi. Des personnalités hypermédiatisées sont victimes de «dégagisme». Le dernier en date est Karim Tabbou qui a été à son tour hué ce vendredi, par les manifestants à Alger. Il a été présenté par les médias comme ayant la caution du mouvement de contestation pour le représenter dignement. Cet incident, faut-il le rappeler, intervient après son appel à démissionner lancé la veille de la marche hebdomadaire à l'adresse du chef d'état-major de l'ANP. D'autre leaders et personnalités, suffisamment connus et ayant des trajectoires politiques respectables avaient essuyé la même contestation. Il s'agit de Saïd Sadi, Abdallah Djaballah, Louisa Hanoune, Mokrane Aït-Larbi... Par ailleurs, en plus de faire le consensus autour de lui, le représentant du mouvement citoyen doit réunir un certain nombre de critères à la hauteur des attentes et de la délicate mission qui lui sera confiée, indique-t-on.
En tout état de cause, de cette structuration intrinsèque du mouvement jaillira tout le reste, dont les réformes profondes à apporter pour réaliser les objectifs auxquels aspire le soulèvement populaire. Il y a lieu de noter qu'il n'y a pas que cette forme de représentation qui est en vogue sur la scène politique. Le RCD, qui conseille aux partis de se contenter de jouer un rôle consultatif durant la conjoncture actuelle, propose de mettre sur pied une haute instance», composée de trois personnes élues par «de grandes corporations comme le corps de la magistrature, l'Enseignement supérieur, les syndicats autonomes». En tout cas, il sera question de dégager la première instance de gestion de la transition dotée de prérogatives présidentielles. C'est à cette instance qu'échoira le rôle de mener des pourparlers avec le pouvoir, désigner un gouvernement de compétence ou de salut national, qui décrétera des prérequis démocratiques, et organisera des élections législatives pour élaborer la nouvelle Constitution... Enfin, il faut rompre avec l'expectative pour réussir à faire partir le système dans son ensemble.


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