Finalement, le prix trop élevé du mouton aura empêché un grand nombre de familles de faire ce sacrifice à l'occasion de l'Aïd El Adha. Des personnes qui n'ont, par le passé, jamais raté cette occasion affirmaient qu'ils ont fait, pour la première fois, une entorse à cette tradition. Pour la première fois, des enfants habitués à jouer alors que les grands s'affairaient à dépecer la bête n'ont pas eu ce privilège. En cause, pour la plus grande partie de ces familles le prix jugé trop élevé du mouton. D'autres, par contre, expliquaient que le rituel de l'égorgement du mouton ne faisait pas partie de leur programme de l'Aïd. Enfin, une autre catégorie de familles, de plus en plus importante d'ailleurs, ces dernières années, affirme que ces derniers temps, le sacrifice du mouton a laissé place à une autre tradition plus avantageuse et surtout qui permet à toutes les familles de passer l'Aïd avec de la viande au frigo. Dans de nombreux villages, la tradition de Thimechret remplace le mouton. Celle-ci consiste à égorger un ou plusieurs boeufs à la place du village et partager la viande en parts égales à toutes les familles. Comme il est de coutume depuis des siècles, les familles démunies bénéficient, malgré tout, de la même part de viande que les plus riches du village. La tradition veut que les parts des familles démunies soient payées par l'argent de la waâda offert par les plus riches. La waâda signifie l'acte de donner un don en espèces ou en bien au village pour faire bénéficier les plus démunis.En fait, hier, beaucoup de personnes incombaient la responsabilité de leur défection à ce rituel au prix excessif du mouton. «Non mais, faut être sérieux. Un mouton à 80000 dinars. C'est une bêtise et l'acheter en est une plus grande», tranche directement un enseignant qui a pourtant l'habitude d'en acheter un pour la circonstance. «Je ne vais pas me ruiner pour un plaisir d'une demi-heure. Je préfère en faire une croix jusqu'à nouvel ordre. Avec la vie chère, on ne peut se permettre un mouton à ce prix», ajoute un autre. Pour beaucoup de personnes, le prix appliqué cette année dépasse tout entendement. «Non, ce n'est pas son prix. Un mouton ne doit et ne peut nullement coûter plus de 30000 dinars. Il ne faut pas trop de calcul pour s'en apercevoir», explique un jeune taxieur de la ville de Tizi Ouzou. «D'ailleurs, calculez avec moi et vous verrez la supercherie. Un mouton moyen doit peser entre 20 et 30 kilogrammes. Mais en fait, on n'a qu'une bonne dizaine de kilos de viandes, la vraie. Le reste ce sont des parties qu'on peut manger ou qu'on peut jeter. Donc, on multiplie le prix du kilo de viande ovine par dix ou même quinze, on obtient un total qui ne dépasse pas les 25000 dinars. Disons que le reste coûte 5000 dinars. Et on a un prix total de 30000 dinars. Alors comment expliquer le prix du mouton à 80000 dinars'», détaille-t-il. Enfin, les discussions avec les citoyens donnent quelques pistes pour expliquer la hausse vertigineuse des prix du mouton. «J'ai remarqué que cette année, contrairement aux années précédentes, les grands vendeurs venant des wilayas du centre sont absents. Habituellement, ces derniers s'installaient à travers plusieurs endroits de la wilaya, à deux mois de l'Aïd», fait remarquer un citoyen de Makouda qui avait l'habitude de louer son morceau de terre à ces personnes pour paître leur cheptel en attendant l'Aïd. L'absence de ces derniers a ainsi fait que les ventes sont assurées par des intermédiaires et également par des petits éleveurs locaux.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 11/07/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel BOUDJADI
Source : www.lexpressiondz.com