Algérie

Le mouton «dresse» ses cornes Un autre dilemme pour le Ramadhan


A quelques enjambées seulement du mois de tous les soucis et comme si les caprices «foufous» de cette «grosse légume» qu'est la pomme de terre ne suffisaient pas à la peine de la ménagère tiaretie, voilà le mouton qui «dresse» ses cornes pour narguer le consommateur essoré du haut de ses six cents dinars le kilogramme. Et «pour une région où la viande est supposée être comme l'est l'orange à Mohammadia, je connais des gens qui vont mettre des cailloux dans leurs marmites», avertit, d'emblée, un vieillard revenu, samedi, les cheveux ébouriffés du marché à bestiaux de Sougueur, véritable baromètre national du prix des viandes rouges. En effet, et tout comme la saison agricole de l'année dernière où la récolte avait été plus que mauvaise avec moins de deux millions de quintaux engrangés, toutes spéculations confondues, pour cette année, la campagne labours-semailles n'a pas donné de meilleurs résultats, loin s'en faut. Conséquences de tout cela la raréfaction de l'aliment du bétail avec les contrecoups inévitables que cela va générer sur le renchérissement des prix des viandes rouges par une période (le Ramadhan) où la demande sur ce produit essentiel est particulièrement forte. Et avec une production d'aliments de bétail et autres cultures fourragères, en-deçà de la demande exprimée, les éleveurs de la wilaya de Tiaret qui dénombrent en tout plus d'un million d'ovins et 300.000 bovins éprouvent les pires difficultés à entretenir leurs cheptels avec des conséquences des plus fâcheuses sur le prix de la viande sur les marchés, à quelques jours seulement du mois de carême. Une situation des plus critiques avec des retombées catastrophiques pour les éleveurs contraints soit d'acheter de l'aliment de bétail à des prix rédhibitoires et donc répercuter les frais générés sur le pauvre consommateur, soit céder leurs cheptels à vil prix. Un scénario peu probable avec l'approche du Ramadhan, estiment des observateurs au fait des arcanes du monde agricole. Et toujours selon la direction des Services agricoles de la wilaya, les causes à l'origine d'une saison agricole médiocre sont principalement dues à la sécheresse puisque moins de 250 mm de précipitations ont été enregistrés durant la période charnière mars-avril mais aussi à cause des aléas climatiques comme la gelée et le sirocco qui ont détruit d'importantes superficies agricoles. Avec plus d'un million de quintaux d'orge contre 246.000 quintaux d'avoine, ces deux aliments du bétail de base flirtent, ces derniers jours, avec des prix presque inégalés puisque le prix du quintal d'orge a culminé jusqu'à 2.900, voire 3.000 dinars. «Au rythme où vont les choses, il y a risque d'abandon total de la filière de l'élevage ovin avec les retombées inimaginables que cela pourrait engendrer sur toute l'économie locale et même nationale» peste, le turban et la mine défaits, un éleveur rencontré hier dans une ferme agricole située à la sortie-est de la ville de Tiaret. El-Hadj Lakhdar, un autre éleveur de la région de Sougueur, où l'on peut déguster, faut-il le rappeler, la meilleure viande du pays, nous fait part de son mouton après s'être vu obligé de brader trois bêtes encornées pour engraisser la cinquantaine de têtes qui lui restent pour toute fortune. C'est dire, renchérit un boucher, rencontré au marché couvert de la ville, «tout le dilemme auquel sont confrontés les éleveurs à cause de l'indisponibilité, en quantités suffisantes, de l'aliment du bétail mais aussi et surtout en raison de la désorganisation totale du marché de ce produit qui échappe au contrôle des services de l'Etat. Une situation, en somme, qui est loin d'être sans conséquences directes sur le fonctionnement de toute l'économie locale puisqu'il est connu et reconnu qu'à Tiaret, si l'agriculture ne va pas, rien ne va plus...
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