Le mouton de la capitale
Comme une fatalité, la capitale, à l?instar de toutes les autres grandes villes du pays, doit garder les moutons de l?Aïd. Le rituel est si bien entretenu et banalisé que le phénomène tend à faire admettre dans les mentalités des situations encore insoupçonnables jusque-là. Le dernier en date nous vient de Ben Aknoun où un mouton a pris place dans un bus desservant El Biar au milieu de passagers restés médusés. Mais Alger ne souffre pas uniquement de la présence de ces bêtes qui sont d?ailleurs si familières à longueur d?année. Le squat des trottoirs et même des chaussées et des espaces verts par les commerçants sont autant de lugubres cicatrices qui défigurent Alger la blanche. Même ces jours-ci, c?est bien le mouton qui se retrouve, malgré lui, sous les feux de la rampe ; il ne peut, toutefois, ravir la vedette à un wali délégué d?une circonscription d?Alger qui soutient mordicus qu?il n?y a pas lieu de critiquer une situation somme toute normale. Ces propos illustrent bien l?esprit avec lequel est gérée notre capitale. Cela dénote une indifférence déconcertante vis-à-vis des problèmes de santé, d?hygiène, de sécurité auxquels sont confrontés les citoyens qui, il est vrai, n?en sont pas très regardants. Le côté esthétique de la vitrine du pays n?est certainement pas à l?ordre du jour. Sinon comment admettre que les trottoirs soient transformés en surfaces commerçantes pour des marchandises toutes hétéroclites. Dans plusieurs endroits de la capitale, ce passage pour piétons a tendance à devenir un espace de cuisine pour les fast-foods et autres rôtisseries. En ces jours de l?Aïd, même les longs couteaux de boucher, des haches et toute la panoplie de boucherie se vendent sur ces mêmes trottoirs de cette même capitale, que tout un chacun espère voir un jour se hisser à son rang.
Posté Le : 17/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Guissem
Source : www.elwatan.com