Le Mouloud à Nédroma

Environ une semaine avant le Mouloud, les Nédromis commencent à préparer la fête avec minutie. Pendant que les femmes entreprennent un nettoyage systématique de leurs demeures, les hommes s'adonnent à des activités religieuses intenses. Dans les mosquées et les Zaouias, les tolbas invoquent Allah dans des litanies tirées souvent de l'œuvre de Sidi EI-Aroussi et de poèmes évoquant la vie du prophète. Du haut des minarets résonnent des chants liturgiques à travers l'ensemble de la ville. Des groupes de jeunes filles, munies de derboukas parcourent ses rues en reprenant les vieilles chansonnettes de leurs aïeules, alors que les garçons participent à des joutes religieuses. La nuit du Mouloud, les Zaouias accueillent les mourids encadrés par leurs moqeddems; ils ne cesseront de chanter des m'dihs, entrecoupés de récitation et de psalmodies du Coran; de temps en temps, ils s'arrêtent pour goûter un couscous, des gâteaux traditionnels qui affluent de toutes les maisons ou savourer la succulente « m'hammesa » au poulet. A l'aube, après la prière et la célébration de la naissance de Sidna Mohammed, sous les youyous et les pétarades qui fusent de partout, les gens ne se séparent pas avant de goûter la « taqenta », mélange de semoule cuite arrosée de beurre et de miel et agrémentée de noix et d'amandes. Ils se retrouveront le 7è jour, au sebou'e, pour se teindre les mains de henné, surtout celles des filles, alors que les jeunes garçons sont, à cette occasion, circoncis. Il est à signaler que cette célébration subsiste encore à Nédroma où l'on achète pour l'occasion dans chaque famille autant de bougies que de membres qu'elle renferme ; la nuit du Mawlid chacun allume sa bougie. La légende dit que celui dont la bougie s'éteint en dernier vivra plus longtemps ; il va de soi que personne ne dormira avant l'extinction de la dernière bougie.