Algérie

Le monstre à trois têtes



L'avant-projet de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption, qui est en phase finale de préparation et qui sera prochainement soumis aux autorités, constituera-t-il une thérapie efficace contre ce mal qui ronge le pays et la société en général ' Par le passé, on n'accordait pas trop d'importance ni à l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC) ni aux lois mêmes qui punissent sévèrement les actes de corruption, mais qui sont rarement appliqués. Pour se rendre à cette évidence, il n'y a qu'à voir le nombre insignifiant d'affaires de corruption traitées par les tribunaux, parfois une seule affaire enregistrée en une année alors que le fléau fait des ravages partout. Bien sûr, avant les derniers procès en série qui mettent en cause d'ex-hauts responsables et hommes d'affaires.Aussi, faut-il le reconnaître, la corruption qui a été érigée en culture, en système de gestion et de pratique à grande et petite échelle a été dangereusement banalisée. Ainsi, l'élaboration d'une nouvelle stratégie dans ce cadre est plus que nécessaire, puisque certains modes de gestion couvraient parfaitement les actes de corruption, incontrôlables de par l'ambiguïté des textes et l'absence de transparence, mais cela resterait insuffisant s'il lui manquait la volonté politique et l'adhésion des citoyens, qui relève plus de la conscience collective de ce mal dévastateur que des stratégies et lois. L'environnement actuel, notamment la volonté politique qui s'y prête bien, est très opportun pour provoquer le déclic d'une lutte anticorruption salvatrice. Reste l'engagement moral du citoyen et sa participation active à travers sa contribution à l'agencement de l'avant-projet de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption.
Le site web de l'ONPLC a été d'ailleurs ouvert à tous les citoyens pour faire part de leurs avis, remarques et recommandations. C'est ce qui a été annoncé par le président de l'ONPLC, qui a relevé que décision a été prise «d'ouvrir la voie à tous les citoyens, sans exception, d'y participer également à l'élaboration de cette stratégie» à l'issue de l'achèvement des consultations nationales et internationales sur le sujet. En attendant, donc, l'entrée en vigueur de cette stratégie, en 2021, il y a beaucoup à faire sur le plan du balisage réglementaire préventif de la lutte anticorruption, particulièrement une profonde révision du Code des marchés publics, et le changement des mentalités. C'est sur ce dernier plan, surtout, qu'il faudrait axer les efforts, car rien de sérieux ne sortirait de cette stratégie si, à côté de la neutralisation des corrompus, on ne fait rien pour « soigner » le corrupteur et l'intermédiaire.
La stratégie de la lutte contre la corruption devrait être bidimensionnelle, pénale et psychique, pour venir à bout de ce monstre à trois têtes, car impliquant irrémédiablement deux ou trois parties (le corrompu, le corrupteur et, parfois, l'intermédiaire), tous maudits, et souvent prospères, dans leur entreprise dépravante.


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