Le monopole du c'ur
Nous avons demandé la révision constitutionnelle, nous l'avons eue, nous avons demandé le troisième mandat nous l'avons eu... Nous sommes la locomotive. » C'est Belkhadem, au faîte de sa gloire, qui s'enthousiasmait ainsi, hier matin, sur la Chaîne III, avant qu'il n'aille, l'après- midi, prendre « la tête » d'un meeting de dénonciation de l'agression israélienne contre Ghaza au siège de l'UGTA. Le secrétaire général du FLN s'est bien gardé d'évoquer l'interdit de manifester dans la rue alors que celle-ci gronde partout dans le monde.L'Alliance présidentielle s'est autoproclamée porte-parole de toute l'Algérie sans qu'elle ait été mandatée par la population qui subit ainsi une nouvelle frustration, celle de ne pas avoir la possibilité de laisser éclater sa colère contre l'ennemi israélien, comme elle l'a fait de tout temps, à chaque fois que naissent des injustices : les Algériens ont dénoncé les Américains au moment du massacre des Vietnamiens, les Marocains quand le Sahara occidental a été envahi par eux et l'armée US guidée par Bush lorsque l'Irak a été bombardé puis occupé.L'Algérien est spontanément solidaire des damnés de la terre et nul dans son pays ne peut décréter détenir le monopole du c'ur. C'est une culture tirée de la guerre de Libération nationale et elle est une composante de la personnalité algérienne. Les citoyens qui avaient tenté d'effectuer une marche, vendredi dernier à Alger, ont été vite dissuadés de le faire par la police.Les dividendes ont été engrangés comme d'habitude par une poignée de chefs intégristes, belle occasion de tirer vers eux la couverture de la solidarité avec le peuple palestinien et manière de faire parler d'eux et de se repositionner, à la veille de la présidentielle.Cette vérité, aucun des membres de « l'Alliance présidentielle » ne l'a dite hier au Palais du peuple (peu de monde y était présent) et personne n'a évoqué le caractère bête et méchant de l'interdiction de manifester dans la rue, spécialement lorsqu'elle touche une cause aussi sacrée que celle de la Palestine spoliée et bafouée.Un oukase ne peut être opposé à une cause aussi noble. Sans entrer dans le débat sur cette mesure prise à la suite de la manifestation des archs dans la capitale il y a quelques années, rien de fondamental n'empêchait les autorités à y déroger ou apporter des aménagements.Il fallait autoriser les citoyens, homme et femmes, jeunes et vieux, de toutes les conditions sociales à dire ce qu'ils ressentent devant la douleur des habitants de Ghaza, de leurs enfants et de leurs femmes. En ne le faisant pas, les autorités ont été mises dans le même sac que les régimes arabes qui n'ont à offrir à la Palestine trahie que de beaux discours et une infinie hypocrisie.
Posté Le : 05/01/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com