Algérie

Le monde du Diwan en deuil


Le Mkadem Brahim Berrezoug, l'un des rares doyens de la musique et danse Diwane dans le pays, est décédé dimanche, à l'âge de 89 ans, à l'hôpital «Tourabi Boudjemaa» des suites du coronavirus, ont fait savoiâ ses proches à Bechar.Aâmi Brahim, comme il est appelé affectueusement par respect par tous les membres de la confrérie du Diwane, à travers le pays, a consacré plus de 70 ans de sa vie à la consécration, la promotion et le développement de ce patrimoine musical et chorégraphique. «C'est à l'âge de 13 ans, que j'ai rejoint le monde sacré et profane du Diwane, par amour à cette pratique culturelle, musicale et chorégraphique dont nous avons hérité les cérémonies religieuses et musicales de nos ancêtres», avait-t-il déclaré à l'APS, lors d'un hommage qui lui avait été rendu par le secteur de la culture et des arts à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'artiste (08 juin) à Béchar. Il a été, en effet, des années durant, la mascotte de tous les événements en lien avec le Diwan et une figure artistique incontournable de la région de Béchar qui a initié des générations de jeunes talents à ce genre musical ancestral.
Un maître incontesté du genre
Dans sa ville de Béchar qui a abrité 12 éditions du Festival national de musique Diwan, aâmi Brahim avait accompagné de nombreuses troupes et de nombreux jeunes talents passionnés tout en restant très disponible pour orienter les participants et retrouver les familles du Diwan qui affluaient de toutes les régions du pays pour ce rendez-vous annuel. Avec quelques praticiens connus comme Mohamed El Hadi Hachani, chef de troupe et patriarche de la célèbre «Dar Bahri» de Constantine, Mohammed Bahaz qui a sorti cette musique vers des projets artistiques contemporains, ou encore les doyens des familles Soudani et Canon, Brahim Berrezoug était un pan de la mémoire et du patrimoine du Diwan algérien. C'est à l'âge de 13 ans qu'il a rejoint le monde sacré et profane du Diwan pour perpétuer l'héritage musical et cérémonial de ses ancêtres avant d'écumer les cérémonies diwan de ville en ville avant de devenir lui aussi un disciple du célèbre Mqadem El Mejdoub de Mostaganem avec qui il a appris une certaine manière d'interpréter et d'ordonner les bradj du Diwan. Après la disparition de son mentor, il est devenu une des références de la musique et du rituel diwan qui était invité à toutes les cérémonies dans des villes comme Saïda, Mascara, Ain Sefra ou encore Mostaganem. Il a également dédié de nombreuses années de sa vie à former de jeunes troupes locales et à accompagner l'effort de promotion et de vulgarisation de legs ancestral auprès des médias et des passionnés.
Dans le cadre du festival, il n'avait pas hésité à reconstituer à de nombreuses reprises avec sa troupe une partie du rituel du DEiwan, avec la musique, la waâda et le code vestimentaire, et ce pour les besoins de la recherche scientifique avec des experts du Centre national de recherches préhistorique, anthropologiques et historiques (Cnrpah) ou dans le cadre de la vulgarisation destinée aux médias. Il avait également accompagné sur scène l'ethnomusicologue américaine Tamara Turner pour présenter le produit d'une petite master class dans le cadre de son travail de recherche pour une thèse dédiée à cette expression musicale et chorégraphique ancestrale.
Transmission et formation
Pour l'une de ses dernières apparitions sur scène, Brahim Berrezoug avait animé un atelier de formation avec de très jeunes musiciens de la région qu'il avait accompagnés sur la scène du festival national de musique diwan, avant de remettre son goumbri à un jeune disciple de douze ans.
Le décès du Mkadem Brahim Berrezoug (statut le plus élevé dans la confrérie des adeptes du Diwane) est «une grande perte» pour le genre Diwane, étant donné que aâmi Brahim était une référence nationale en matière de connaissance des pratiques musicales, Bradj (cChants), en plus des danses et chorégraphies du Diwane, ont indiqué des membres de groupes Diwan à Bechar.
De son vivant, il avait initié des centaines de jeunes à ces pratiques musicales et chorégraphiques propres au Diwane, ont-ils ajouté.
Le défunt a pris part durant toute sa carrière au sein de la confrérie, à plusieurs manifestations culturelles et artistiques à travers le pays ainsi qu'aux festivals (national et international) de la musique Diwane à Béchar et Alger.
Le défunt a été inhumé lundi après la prière de l'Asr au cimetière de Béchar.
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