Le monde de l'étrange

Qui pourrait aider les colons de Lima à fuir vers l'Espagne, avec leurs familles et leurs richesses ' Le navigateur écossais, qui mouille dans le port de Lima, accepterait-il de les escorter ' Un représentant des colons va le retrouver et lui fait la proposition : «Nous vous payerons le prix que vous exigerez.» Le navigateur est alléché par l'offre, mais il veut faire monter les enchères. Il répond que le voyage est périlleux et que les insurgés sont partout. On lui propose une somme faramineuse et il finit par accepter. «Préparez-vous à embarquer, nous devons partir au plus vite avant que les indépendantistes arrivent.» L'attaque est, en effet, imminente et le «Mary Dear» s'apprête à lever l'ancre. Les riches Espagnols, qui ont repris espoir, vont accepter sans protester le prix exigé par le capitaine. Celui-ci a bien demandé de faire vite, mais on va mettre deux jours pour partir, non pas que le navire ne soit pas prêt, mais c'est le temps nécessaire pour que les colons et le clergé embarquent leurs «effets».
Debout sur le bastingage, plusieurs dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants regardent avec tristesse la ville qu'ils vont quitter. La plupart sont nés dans le pays et y ont toujours vécu. Ils laissent derrière eux des terres, des maisons, des propriétés, des charges qui ont fait d'eux des hommes et des femmes riches et considérés. Ils ne connaissent l'Espagne que par les images et les livres, ils ne savent quelle place ils vont avoir dans ce pays. Mais la plupart des personnes qui ont embarqué savent au moins qu'elles ne vivront pas dans la misère.