Le monde de Grégor Point Zéro : les autres articles

Entre la Lune et le Soleil, mon c'ur, mon âme et ma métaphysique balancent.» Cette sentence d'un auteur mort étouffé par une tartine fait référence à ce décalage permanent entre les référentiels du temps qui passe sur le temps qu'il fait. Entre le calendrier musulman et grégorien, il est de 10 jours par an, une année tous les 30 ans, mille et une nuits tous les siècles et un jour. En gros, un millénaire à chaque néolithique et 1 heure par jour. Sauf qu'une chose extraordinaire qu'offre le Ramadhan, c'est justement de tout éviter, de penser à autre chose qu'au repas du soir et oublier le temps, qui a pourtant été inventé pour ne pas l'oublier.
Pour les peu nombreux mystiques, il s'agit de communier avec l'univers justement pour sortir du temps. Mais pour les nombreux ritualistes, il s'agit de ne plus penser, car après, il faut remettre sa montre à l'heure, aller voir sa famille et sa belle-famille, retrouver les impératifs temporels, travailler ou manifester, brûler une daïra ou sauver un arbre, repenser l'organisation de pouvoirs, cette insolente inefficacité des gouvernants locaux et cette injuste suprématie de l'Occident sur l'Orient. De l'homme sur la femme, de la frite sur le couscous, de la mayonnaise sur la harissa et de l'aéroport sur la gare routière. Il va falloir balayer devant sa porte, se brosser les dents, nettoyer ses voisins, retrouver le sens de la parole donnée et revisiter ses mythes.
Qu'est-ce que l'après-Ramadhan ' C'est se (re)coucher tôt pour se réveiller tôt et suivre la course du Soleil, astre vivant contrairement à la Lune, satellite mort. En langage d'Occident, ça s'appelle la rentrée, étape annuelle de renouvellement. Pour le régime vieillissant qui dirige l'Algérie avec une antique télécommande, le fantasme serait de prolonger le Ramadhan toute l'année. Pour les dirigés, étouffés par leur temps propre, on se demandera encore : mais qui est Grégor '