Le Monde arabe a besoin de pôles d'échanges communs Selon des experts

Le monde arabe a besoin d'une complémentarité économique pour sortir de son sous-développement et bénéficier des atouts qu'offre cette région. Il s'agit là de l'idée générale qui se dégage de la conférence organisée, hier, à la Bibliothèque nationale (BN) dans le cadre du colloque international, «Le Monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions '». Les conférenciers qui se sont succédé au pupitre ont tenté de faire toute la lumière sur les aspects économiques et financiers des réformes en cours dans cette région, qui a connu ces derniers mois des bouleversements politiques majeurs ayant entraîné la chute des régimes dictatoriaux en Tunisie, Egypte et en Libye. Pour l'expert financier Abdou Attou, le Monde arabe souffre encore du manque de logistique et de moyens de transport de marchandises. Ce qui a fait que les échanges entre les pays de la région se font beaucoup plus avec les pays occidentaux. Les barrières et les restrictions douanières sont aussi des obstacles qui bloquent l'accroissement des échanges interarabes, selon le conférencier. Ces pays sont également tenus de se mettre à l'heure de la mondialisation et de ne pas rester en marge des évolutions que connaît le monde, a-t-il suggéré. Dans la foulée, il a préconisé la création de «pôles d'échanges communs», capables de favoriser la circulation des marchandises, harmoniser les activités économiques et de les rendre complémentaires. Une action qui devait se faire, déjà, après la chute de l'empire ottoman, a-t-il ajouté. M. Attou a dressé, sur un autre plan, un constat peu reluisant du secteur financier, estimant qu'il est complètement «disloqué». À ses yeux, malgré l'existence d'une aisance financière, d'excès de liquidités, les pays exportateurs de pétrole peinent à transformer ces richesses en investissements. Adel Malik, chercheur au Centre islamique du développement économique (Londres), abonde dans le même sens. Pour lui, la distribution de cette rente n'a fait, en outre, qu'élargir le fossé entre les différentes strates de la société. La classe moyenne, qui était un élément central dans les équilibres économiques durant les années 1980, a disparu, laissant la place à la misère sociale, le chômage. Les conférenciers, qui ont relevé, par ailleurs, une panoplie d'avantages à exploiter (langue, proximité géographique, richesses naturelles, une population relativement jeune), ont recommandé une ouverture économique entre les pays de cet ensemble. Les questions internes n'ont pas été occultées. L'un des gros dossiers qui reste à résoudre dans plusieurs pays est la corruption qui fait des ravages selon les conférenciers.
S. B.