Les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena), dont l'Algérie, devraient améliorer leur redevabilité à l'égard des citoyens, en inculquant une culture du "retour sur investissement", en promouvant l'émergence d'organes de réglementation indépendants mais responsables et en comptant moins sur l'Etat pour redynamiser l'économie. C'est du moins la conviction de Rabah Arezki, de Ferid Belhaj et de Mahmoud Mohieldin de la Banque mondiale.Dans une note, les trois responsables de la Banque mondiale indiquent que les pays de la région Mena ont adopté depuis leur indépendance des modèles de développement étatiques, qui ont induit une dépendance excessive vis-à-vis de l'Etat. "Le bilan social des nations arabes est plutôt décevant, en particulier du fait de leur incapacité avérée à recouvrer les impôts et à assurer des services de qualité", ont-ils souligné. Les marchés de la région sont plombés par des opérateurs historiques solidement établis, ce qui ne laisse que peu d'espace aux nouveaux entrants, ainsi qu'au maillage omniprésent des entreprises publiques, y compris dans les industries extractives, les services publics, le secteur manufacturier et les télécommunications. "Les vagues de protestation qui continuent de déferler dans la région illustrent bien la détermination des citoyens et, en particulier, des jeunes générations, qui veulent définir de nouvelles règles de redevabilité publique", relèvent les experts de la Banque mondiale, qui estiment que "le moment est donc venu de repenser le rôle de l'Etat".
Pour eux, le secteur public s'est jusqu'ici montré incapable d'absorber les centaines de millions de jeunes qui entreront sur le marché du travail dans les décennies à venir (et rien n'indique qu'il y parviendra à brève échéance).
Du coup, les gouvernements de la région Mena auraient tout intérêt à favoriser l'émergence d'un secteur privé dynamique et porteur d'innovations technologiques pour installer une croissance durable et solidaire. Le développement, au sein de l'administration publique, d'une culture du "retour sur investissement" soucieuse de l'optimisation des ressources permet de gagner la confiance des citoyens. "Alors que la plupart des pays de la région Mena consentent des dépenses importantes au regard de leur niveau de revenu, les résultats qu'ils obtiennent sont plutôt décevants, notamment dans la santé et l'éducation", ont constaté les experts de la Banque mondiale.
Selon ces derniers, les pays de la région doivent repenser leur système de protection sociale en abandonnant la logique bismarckienne, qui privilégie celles et ceux ayant un emploi officiel, pour prendre en compte tous les individus, qu'ils travaillent dans le secteur formel ou dans les innombrables entreprises informelles de la région.
M. R.
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Posté Le : 16/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane RABHI
Source : www.liberte-algerie.com