Au regard de la joie modeste qu'il a exprimée mercredi soir à l'annonce des résultats des élections législatives, il ressort que le Hamas ne s'attendait probablement pas à battre le Fatah, son rival, avec une marge aussi importante.
Le mouvement islamiste voulait-il vraiment gouverner seul ' Cela ne semble pas être le cas. Pour preuve, malgré leur écrasante victoire, les dirigeants du Hamas se sont empressés à prendre attache avec Mahmoud Abbas pour lui proposer la constitution d'une coalition. Les raisons pouvant expliquer le refus de la direction du mouvement islamiste à avoir le monopole du pouvoir peuvent être nombreuses. La perspective d'hériter de la lourde responsabilité consistant à administrer trois millions de Palestiniens semble déjà être un élément qui n'est pas fait pour arranger les calculs du Hamas, cela d'autant que l'Autorité palestinienne n'est pas réputée pour brasser des milliards de dollars. Depuis des années, les territoires occupés vivent des dons de la communauté internationale. En plus de devoir tenir ses promesses électorales (reconstruire une économie en ruine avec des moyens limités et donner du travail au Palestiniens), le Hamas aura aussi, un jour ou l'autre, à gérer le dossier complexe des relations avec Israël. A ce propos, il n'est pas difficile de deviner que le Hamas - un mouvement qui a fait du radicalisme une arme privilégiée - n'est ni préparé ni suffisamment outillé pour s'acquitter des tâches qui l'attendent. Et c'est sans doute la peur de l'échec et du discrédit qui a persuadé son état-major de chercher à convaincre le Fatah d'accepter de faire partie du nouveau gouvernement. Cela, évidemment, avancent les observateurs, pour disposer de boucs émissaires à portée de main en cas d'échec de sa politique. En opposant un « niet » catégorique à l'idée de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, le Fatah semble avoir compris à la fois la man'uvre de son rival politique et l'embarras dans lequel se trouvent actuellement les islamistes palestiniens. Le mouvement créé par Yasser Arafat a, en effet, décidé, jeudi, après des discussions avec le président Mahmoud Abbas, de ne participer à aucun gouvernement de coalition avec le Hamas. En vieux routier de la politique, Mahmoud Abbas prouve ainsi qu'il préfère s'accommoder d'une cohabitation à la « française » (la présidence étant entre les mains du Fatah). A ce propos, la position consistant à céder les commandes de l'Exécutif au Hamas et à le laisser faire peut s'avérer avantageuse du moment que l'ancien bras droit de Yasser Arafat détient des prérogatives pouvant encore gêner la politique des islamistes sans pourtant s'impliquer dans la gestion. Pour preuve, en réplique à la surenchère du Hamas sur le dossier des négociations avec Israël, Mahmoud Abbas a fait clairement savoir que s'il confiait la formation du gouvernement au Hamas, il n'en était pas pour autant question de renoncer aux engagements pris envers Israël et la communauté internationale concernant la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien. M. Abbas a notamment insisté sur les accords d'Oslo de 1993, qui ont abouti à la création de l'Autorité palestinienne, et avaient été rejetés à l'époque par le Hamas, ainsi que sur la « feuille de route » internationale prévoyant l'avènement d'un Etat palestinien coexistant pacifiquement avec Israël. Aussi, il est bien prévu que Mahmoud Abbas, président de l'Autorité autonome palestinienne, rencontre dans les tout prochains jours à Ghaza les dirigeants du Hamas. Toutefois, il se pourrait bien que cette réunion serve uniquement à Mahmoud Abbas à dire à ses interlocuteurs de se débrouiller seuls avec la population et de leur annoncer le choix du Fatah de s'installer dans l'opposition.
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Posté Le : 28/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com