Alors que sa prééminence est contestée et fortement chahutée par les
factions islamistes, en action dans le nord du Mali (Ançar Eddine, Aqmi,
Mujao), le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a proclamé
l'indépendance de l'Azawad.
«Nous proclamons irrévocablement,
l'Etat indépendant de l'Azawad, à compter de ce jour, vendredi 06 avril 2012»
indique le communiqué du MNLA qui dit reconnaître les «frontières en vigueur
avec les Etats limitrophes et leur inviolabilité». Le mouvement s'engage «à
créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels
de l'Etat, basés sur une Constitution démocratique de l'Azawad indépendant». Il
appelle la communauté internationale à une reconnaissance, sans délai, de
l'Etat de l'Azawad indépendant. Mais les ambitions du MNLA, déjà contrariés sur
le terrain par Ançar Eddine et l'inquiétante présence des djihadistes d'Aqmi et
du Mujao, se heurtent, pour l'instant du moins, à un large consensus au sein de
la Communauté internationale contre toute remise en cause de l'intégrité
territoriale du Mali. A l'image d'Ahmed Ouyahia, indiquant que «l'Algérie
n'acceptera jamais une remise en cause de l'intégrité territoriale du Mali».
Sur la même ligne que l'Union africaine dont le président de la
Commission, Jean Ping, a condamné une annonce d'indépendance «qui est sans
aucune valeur». Il a appelé la communauté internationale «à soutenir pleinement
cette position de principe de l'Afrique».
La France a rejeté cette déclaration d'indépendance en la jugeant «nulle
et non avenue». Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, a
indiqué que l'Union européenne s'opposait à toute remise en cause de
l'intégrité territoriale du Mali. Cette déclaration d'indépendance est d'autant
plus accueillie tièdement que sur le terrain des opérations, la faction
islamiste d'Ançar Eddine d'Iyad Ag Ghaly, soupçonnée d'être liée à Aqmi, semble
avoir pris le dessus sur le MNLA.
LA CRAINTE D'UN «ETAT AQMI»
La proclamation d'indépendance semble avoir été largement motivée par un
souci de reprendre la main politiquement, en attirant l'attention des médias
qui focalisent fortement sur les djihadistes. Le responsable des relations
extérieures du MNLA, Hama Ag Sid'Ahmed, le confirme en indiquant que la
déclaration d'indépendance a pour «but de barrer la route à Iyad (Ag Ghali),
qui veut prêcher un islam radical pour l'ensemble du Mali». De fait, les
inquiétudes de voir apparaître une sorte «d'Etat Aqmi» mobilisent les
gouvernements de la région et en dehors.
Les chefs d'état-major ouest-africains (Cedeao) ont élaboré un mandat
pour une force destinée à être envoyée au Mali et qui attend d'être validée par
les chefs d'Etat. Alger, par la voix d'Ouyahia, affirme que le Cemoc existe
toujours et doit se réunir à Noukachott prochainement avec la participation
souhaitée de l'armée du Mali. A Bamako, la junte militaire, plus isolée que
jamais, a lancé un appel aux populations du nord pour «résister» aux «groupes
rebelles et autres assaillants extrémistes». La déconfiture de l'armée malienne
rend cet appel quelque peu surréaliste.
Mais les communautés s'arment et une guerre civile rampante se profile.
Ainsi la communauté arabe du Nord malien a annoncé la prochaine création d'un
nouveau mouvement politico-militaire multi-ethnique pour contrer «la
déstabilisation des régions du Nord». Les choses ne sont pas prêtes de
s'apaiser à la frontière sud de l'Algérie.
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Posté Le : 07/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : S F
Source : www.lequotidien-oran.com