La crise malienne franchit un nouveau palier avec la création,vendredi dernier, d'un Conseil Transitoire de l'Etat malien, qui ressemble à un gouvernement. Comprenant des membres du MNLA, la nouvelle structure se veut ouverte aux autres mouvements Touareg, alors que les discussions avec l'organisation islamiste radicale Ansar Eddine pour une fusion ont échoué.
Ce n'est pas encore un gouvernement, mais il en a tout l'air : le Mouvement National de Libération de l'Azawed a annoncé la mise en place, le 7 juin, d'un conseil Transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA), qui serait chargé de « la mise en 'uvre de la politique générale de l'Etat de l'AZAWAD en matière de développement, de la défense, de la sécurité, de la politique extérieure, de l'éducation, de la cohésion sociale et de la gestion du territoire ».
Un communiqué du MNLA précise que le nouvel organisme, qui veut prendre la forme d'un gouvernement de l'Azawed, est présidé par Bilal Ag Cherif, secrétaire général du MNLA, mais évite de parler de ministres. Il a un vice-président, Mahamadou Djeri Maïga, un chargé des relations extérieures, Hama Ag Mahmoud, et comprend un chargé de la justice portant un nom célèbre, Saïd Ben Bella.
Au total, le nouvel organisme comprend 28 membres, parmi lesquels un « chargé de la défense nationale », le colonel Mohamed Najim. Il se veut « l'interlocuteur de l'Etat de l'AZAWAD tant au plan national qu'international ». Sa politique « privilégie le dialogue et le développement des relations avec les Etats, institutions et organisations internationales ».
Le nouveau conseil « reste ouvert à l'ensemble des composantes sociales et compétences de l'AZAWAD, en vue de contribuer à la construction de l'Etat de l'AZAWAD », indique le communiqué. Cette précision semble s'adresser au mouvement Ansar Eddine, qui, avec le MNLA, contrôle la région nord du mali depuis deux mois.
Des discussions entre le MNLA et Ansar Eddine ont été engagées depuis un mois, pour arriver à une fusion, mais après des annonces contradictoires, elles ont été rompues, les deux parties n'arrivant pas à s'entendre, notamment que l'application de la chariaa. Le MNLA se déclare laïc et démocratique, alors que Ansar Eddine apparait comme une organisation islamiste radicale, prônant une application stricte de la chariaa.
En attendant le retour du président intérimaire
Les deux mouvements avaient lancé une offensive à partir de la mi-janvier, réussissant à conquérir tout le nord du pays et ses principales villes, Gao, Tombouctou et Kidal. L'état central malien, incapable de réagir, a rapidement sombré, avec un coup d'état contre le président en exercice, Amadou Amani Touré, avant que la junte qui l'a destitué ne soit contrainte à céder le pouvoir à un président intérimaire, Dioncounda Traoré. Agressé par des manifestants, celui-ci était évacué en France pour des soins. Son retour serait imminent, mais il ne semble pas disposer des cartes nécessaires pour rétablir la situation sans aide extérieure.
La crise malienne s'est compliquée par l'enlèvent du consul algérien à Gao et de six autres fonctionnaires par le Mouvement pour l'Unité et la justice en Afrique de l'Ouest (MUJAO), une organisation dissidente d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique, qui s'en prend spécifiquement aux intérêts algériens.
L'Algérie a observé une fermeté sur les principes, mais reste très prudente dans la forme, en raison des menaces contre les fonctionnaires du consulat. La France, très influente dans la région, souhaite une intervention de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), mais aucune décision n'a été prise en ce sens.
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Posté Le : 10/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aissa Bouziane
Source : www.maghrebemergent.info