Algérie - Revue de Presse


C?est un principe de physique : un miroir à facettes donne la vision de plusieurs images séparées. Tout comme une série d?images fixes qui défilent donne l?illusion du mouvement par le phénomène de persistance rétinienne, en faisant tourner le miroir, une vision continue s?installe et les plans qui semblaient isolés trouvent une cohérence générale. Si cette illusion ne dépend que de la vitesse de rotation de l?ensemble, pour rester dans l?actualité, quel est le rapport entre la colère pour le logement social, l?émeute d?hier à Naâma, le cas Melzi et la future loi d?amnistie générale ? Il n?y en a pas à première vue, c?est-à-dire si le miroir est fixe. Mais si on le fait tourner, le lien devient évident. Tout le monde sait ce qui ne va pas, même si les colères n?ont apparemment aucune relation entre elles. Tout en sachant que le bonheur d?un pays n?existe pas en soi puisque les contestations existent même dans les nations développées, les récents événements confirment ce que tout le monde perçoit : le pays va mal parce qu?il y a encore des hommes intéressés d?abord par eux-mêmes installés au c?ur de la décision. L?amnistie générale est une bonne idée, mais elle ne tient que si les personnes qui ont géré les conflits sont invitées à sortir, tout simplement parce que des hommes qui sont là depuis des années seront encore là après l?adoption de cette loi. Il y a des noms derrière les problèmes de l?Algérie. Mais le fait de les donner en dehors d?un bar, d?un café ou d?une discussion de quartier, provoque au mieux un cas de censure interne, au pire un harcèlement judiciaire. C?est dire à quel point le système est verrouillé, de l?intérieur comme de l?extérieur. Qui fait tourner le miroir et l?arrête en fonction de ses intérêts ? Il est évident que pour sortir de la passivité, il vaut mieux casser le miroir plutôt que de subir sa rotation.


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