Algérie - Revue de Presse

Quiaurait dit qu'un jour, un smicard algérien, toujours en délicatesse avec lapatate, qui le nargue à longueur de journée avec ses airs de grosse légume, tutoieavec une certaine familiarité, le quartier de viande. Vous imaginez! Un moutonà 5.000 dinars. De quoi gaver, tout un mois, de viande une famille aux revenusmodestes. Comme quoi tout est possible, dans un pays où les miraclesfleurissent comme des champignons pour dérouter, à chaque fois, la rationalitécensée présider à la gestion des affaires du pays. A la vérité, rien ne doit plusétonner des citoyens blasés de voir que les mêmes causes ne produisent pas lesmêmes effets. Pour le bon sens 12.000 dinars par mois, c'est à peine si onarrive à faire un bouillon avec «cubes dadjaj» pourboucler les fins de mois. Dans l'Algérie des miracles ces 12.000 dinars peuventsignifier, non seulement manger à sa faim, sans spécialement se réjouir qu'unmouton soit cédé, désormais, à 5.000 dinars, mais aussi se payer une voiture etdes vacances en bord de mer. A ce qu'on sache même si le prix du kilogramme deviande avait atteint 8.000 dinars, rares sont les bouchers qui chômeront. Etque dire de ces centaines de concessionnaires de voitures qui affichent leplein sur leurs carnets de commandes. Prenez par exemple, ce miracle faisant demodestes fonctionnaires, des propriétaires de villas dans des quartiers huppésdes grandes villes d'Algérie qui font pâlir de jalousie, les grosses fortunestout aussi miraculeuses du pays.Etvoilà qu'on vient faire un boucan d'enfer et décréter la catastrophe nationalequand des fruits et légumes décident, eux aussi, de s'aligner sur le train devie des Algériens. Même si la majorité de la population algérienne est pauvre, lemiracle algérien veut, qu'officieusement, toute la population mange à sa faim.Aufait, à quoi tient le miracle algérien? Un miracle dont les voies sontimpénétrables pour ceux qui sont convaincus, le plus officiellement qu'il soit,que le Salaire National Minimum Garanti, permet à un père de famille de payerla nourriture, l'habillement, la scolarité des enfants, le loyer, les facturesdu gaz, de l'électricité et de l'eau. Bien sûr, il faut bien s'accommoder deces miracles, sans songer, surtout pas, à tenter d'y changer quelque chose. Carle charme risque de se rompre à tout moment. Et c'est tout l'édifice sur lequelest bâtie la véritable vie socio-économique du pays qui risque de s'écroulercomme un château de cartes. Une vie socio-économique qui n'a pas d'existencelégale mais qui se révèle incontournable, au point où on a fini par croire quec'est grâce à elle que l'Algérie tient toujours l'équilibre. Qu'on ne s'étonnepas, alors, de voir les hautes sphères composer avec ce miracle à l'algérienne.
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