Algérie

«Le ministre n'a jamais respecté ses engagements»



- Le ministre vient d’appeler les avocats au dialogue. Quelle position allez-vous adopter '
Vu mon expérience dans la pratique et les relations avec le ministre de la Justice, depuis déjà 10 ans, je peux vous affirmer que ce dernier n’a jamais été ouvert au dialogue, ou à la limite, réuni le conseil de l’Union des barreaux en dépit des nombreuses sollicitations. La seule fois où il a invité les bâtonniers, c’était lors de l’installation de la commission chargée de l’élaboration de ce texte. Les autres fois, trois en tout, c’était pour des discussions autour d’un déjeuner. Ses promesses de respecter les préoccupations des avocats n’ont jamais été tenues, comment pouvons-nous aujourd’hui croire en ses paroles ' La preuve, il est allé défendre son projet de loi devant la commission juridique de l’APN, le lendemain d’une rencontre avec les bâtonniers, au cours de laquelle il s’est engagé à prendre en compte leurs réserves. Le ministre n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit pour changer son projet de mise au pas de la profession. Son appel vient en retard. Il n’a plus la possibilité d’intervenir, sauf pour retirer carrément le texte.
- Pourquoi avoir attendu que le ministre affirme que le projet de loi a été élaboré par une commission dont faisaient partie des bâtonniers ' Qu’en est-il au juste '
Des bâtonniers font partie de cette commission, mais à chaque fois qu’une mouture est présentée avec les propositions de ces derniers, elle est rejetée par les représentants du ministère pour la remodeler à leur manière. En quatre ans, il y a eu six moutures. C’est pour vous dire le bras de fer qui existe entre les deux parties. Malheureusement, c’est la plus liberticide qui a été retenue à la fin par le ministre pour être défendue devant la commission parlementaire. Pourtant, lui-même avait déclaré que les articles contestés allaient être amendés. Cela n’a pas été le cas. Ce qui démontre qu’il veut mettre la corporation sous sa tutelle. Il n’a jamais respecté ses engagements
- Le ministre vous reproche de recourir à des actions de rue au lieu de privilégier la concertation…
S’il y avait un dialogue ou le respect de la corporation comme cela est de mise ailleurs, les avocats ne seraient pas obligés d’occuper la rue pour revendiquer un droit. Les représentants du ministre ont imposé une loi très dangereuse. Rien ne nous interdit de choisir des actions à la hauteur du danger pour exiger son retrait.
- Tayeb Belaïz déclare que la contestation ne touche que le barreau d’Alger, parmi les 15 qui existent. Quelle est votre réponse '
Ma réponse lui a été donnée par la réunion d’aujourd’hui (hier) de l’ensemble des membres du conseil de l’Union des barreaux d’Algérie. Après un long débat, tout le monde était convaincu de la nécessité d’une assemblée générale des avocats. Elle aura lieu vers la fin du mois de septembre prochain. La question du projet de loi ne sera pas le seul point à l’ordre du jour.
D’autres entraves à l’exercice de la profession, comme certaines dispositions du code de procédure civile, seront relevées. Cela fait deux ans que nous demandons l’amendement de ce texte, mais le ministre fait la sourde oreille. Ce code a institué une justice des riches au détriment des pauvres. L’élaboration des lois se fait sans la participation de ceux qui les appliquent et les subissent. Nous sommes sous le régime du dialogue des sourds. Si nous marchons dans la rue, c’est parce que personne n’a voulu nous écouter.
 


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