Les deux ministres algérien et marocain des Affaires étrangères éviteront
d'évoquer la question des frontières et le confit du Sahara Occidental pour
certainement ne pas étouffer la volonté des deux pays de redynamiser leurs
relations dans un contexte géopolitique profondément bouleversé. Le ministre
des Affaires étrangères marocain effectue à partir d'aujourd'hui une visite
officielle de deux jours sur «invitation de son homologue algérien Mourad Medelci» dit le communiqué du ministère des Affaires
étrangères. Il semble que Medelci et Saâd-Eddine Othmani n'iront pas
jusqu'à évoquer l'ouverture des frontières entre les deux pays. Il faut croire
que le terrain de rencontres officielles de haut niveau entre l'Algérie et le
Maroc a été balisé d'un commun accord depuis plus de deux ans de sorte à ce que
les discussions ne dérapent pas sur les sujets qui non seulement fâchent mais
sclérosent depuis de longues années leurs relations.
Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines en a
d'ailleurs fait allusion en tenant à clarifier la contextualité de la visite du
MAE marocain aujourd'hui à Alger. «Cette visite s'inscrit dans la logique des
choses», a déclaré en effet Abdelkader Messahel lors
d'une rencontre qu'il a organisée hier avec la presse au siège de son ministère
expressément pour préciser l'ordre du jour de la réunion des pays du champ prévue
les 23 et 24 de ce mois à Nouakchott et celui du sommet de l'Union africaine
qui se tiendra les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba.
«La logique des choses» est, selon le ministre délégué, «une série de
visites officielles qui a été effectuée sur ces deux dernières années dans le
cadre du renforcement des relations bilatérales entre l'Algérie et le Maroc». Messahel note à cet effet qu' «il y a une volonté politique
partagée pour redynamiser les relations bilatérales ainsi que l'Union du
Maghreb arabe (UMA)». Volonté qui s'inscrit en toute évidence dans un contexte
régional marqué par les violentes insurrections qui ont éclaté en Tunisie et en
Libye, et qui placent les pays de la région face à leurs propres contradictions.
Il est évident que la redynamisation de l'Union du Maghreb arabe (UMA) soudainement
sortie des tiroirs de ses pays membres est loin d'être une coquetterie
politique. Elle leur est imposée aujourd'hui comme une exigence géostratégique
imparable.
«L'OUVERTURE DES FRONTIERES N'EST PAS A L'ORDRE
DU JOUR»
C'est ce qui a poussé le ministre délégué à affirmer sans ambages que
«l'ouverture des frontières ne figure pas à l'ordre du jour de nos réunions». Il
est convaincu que «si on en reste aux frontières, on n'apportera aucune plus-value
ni à l'Algérie ni au Maroc». La question du Sahara Occidental ne sera pas non
plus abordée puisqu'elle revêt les mêmes aspects polémiques que celle de
l'ouverture des frontières. «Le règlement du conflit sahraoui relève des
Nations unies, d'ailleurs le Maroc et le Front Polisario poursuivront leurs
négociations en février prochain aux Etats-Unis», tient-il à rappeler. Messahel est ainsi persuadé que «l'essentiel pour nos deux
pays, est qu'on ne va pas poser les problèmes d'une manière brutale, nous avons
convenu d'adopter une démarche pragmatique».
Le pragmatisme dont parle le
responsable algérien a été exprimé à travers les visites sectorielles des
ministres qui ont été effectuées de part et d'autre. Il indique ainsi qu'une
dizaine de secteurs se voient régulièrement pour échanger leurs expériences
respectives, coopérer ensemble et signer des contrats. Les deux pays ont eu à
en faire une première évaluation lors du forum économique arabo-marocain
qui a été organisé à Rabat le 16 novembre 2011. «Nous avons fait l'évaluation
de cette coopération sectorielle et sommes convenus de l'élargir à d'autres
secteurs comme la justice et l'environnement», dit-il.
1,2 MILLIARD DE DOLLARS D'ECHANGES AVEC DES FRONTIERES FERMEES
Les deux ministres discuteront sur «les vrais dossiers qui élargissent et
renforcent les relations entre les deux pays», réaffirme-t-il. Il estime qu'on
«est confronté aux mêmes problèmes comme la sécheresse, l'eau, la
désertification, pas seulement avec le Maroc mais avec tous les pays de la
région». C'est d'ailleurs au profit de cette démarche de coopération que les
pays membres de l'UMA ont, sur proposition de
l'Algérie, créé en 2003 le comité économique maghrébin (CEM). A cette époque, l'Algérie
avait présenté une étude, une sorte de feuille de route, dans laquelle elle
recommandait à ses partenaires de l'UMA de réfléchir
sur une coopération de réalisation de grands projets structurants pour la
région. Etude qui, pensent ses concepteurs, est toujours d'actualité.
Le Maroc est le premier partenaire commercial de l'Algérie dans le
Maghreb pour des échanges «officiels» qui n'ont même pas atteint le milliard. En
effet, les échanges algéro-marocains sont de l'ordre
de 700 millions de dollars avec une balance commerciale marquée par les
exportations du gaz algérien suivies bien loin par des produits industriels et
agricoles de part et d'autre. Ceci pour ce qui est du commerce légal. Mais avec
des frontières fermées, les deux pays se sont toujours échangé des quantités
importantes de produits divers qui vont des tenues traditionnelles, aux
matériaux de construction en passant surtout par les carburants et autres
produits alimentaires de première nécessité. Ces échanges informels sont
évalués à 1,2 milliard de dollars depuis que les frontières ont été fermées. Ceci
en comptant avec les virées touristiques notamment d'Algériens vers le Maroc. L'on
compte près de 45 000 travailleurs marocains en Algérie dont 500 détiennent un
registre de commerce.
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Posté Le : 23/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com