« Des difficultés de parcours» qu'évoque Mourad Medelci à la possibilité d'un recours à l'arbitrage international que Pedro Solbès estime «une idée possible», les négociations sur le réajustement des prix du gaz entre l'Algérie et l'Espagne semblent souffrir d'importants blocages. Â La visite hier à Alger du ministre espagnol de l'Economie et des Finances, Pedro Solbès, a été nettement marquée par le dossier du gaz que l'Algérie a mis sur la table des négociations depuis quelque temps. Le réajustement des prix de ce produit que la Sonatrach livre sur la base d'un grand contrat, à Gas Natural l'espagnole, ne trouve à ce jour pas d'échos favorables auprès des Espagnols. Le groupement pétrolier algérien demande à ce que les prix du gaz soient revus à la hausse comme l'impose le marché par rapport à ceux du pétrole. Les premiers étant indexés sur les seconds qui connaissent d'importantes envolées depuis quelques années, il est normal que l'Algérie veuille les augmenter conformément aux évolutions qu'enregistrent les produits énergétiques sur les places mondiales. Ce qui n'agrée pas Madrid. Les réponses de Pedro Solbès à cet effet, lors d une conférence de presse qu'il a animée hier à la résidence El Mithak conjointement avec Mourad Medelci, même s'il les a voulues optimistes, sont restées imprécises et nuancées, comportant parfois des hésitations qui cachent mal des velléités de l'Espagne de camper sur son rejet de la doléance algérienne. Il a en premier commencé par préciser qu'il ne peut se substituer au ministre en charge du dossier. Il indique quand même que «je crois que les négociations suivent leur cours normal». Il est convaincu que «l'Espagne a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de l'Espagne». Elles ont «toutes deux intérêt à arriver à une solution qui soit valable». Solbès estime que «les deux entreprises doivent continuer à travailler ensemble». Les choses se dénoueront «aussitôt que possible», dit-il sans précision. Plus loin, le ministre espagnol lance «ce n'est pas une question de oui ou de non, c'est une négociation complexe sur plusieurs éléments». «Nous devons faire le maximum pour que ces négociations aboutissent», ajoute-t-il. Il ne fait pas d'objection à un éventuel recours à l'arbitrage international comme le voudrait l'Algérie. «C'est une idée possible, elle existe dans les traités internationaux», dit-il simplement. Mais il se veut rassurant et dit «j'espère que ça ne sera pas nécessaire». Pour rappel, c'est le ministre algérien de l'Energie et des Mines qui, dans une déclaration à un journal espagnol les mois derniers, a révélé le refus de Madrid de la revalorisation du prix du gaz et les restrictions qu'elle impose à la Sonatrach à propos de la commercialisation des hydrocarbures sur le sol espagnol. Depuis, le ton ne convainc toujours pas d'un dénouement du problème. Du côté algérien, il est en tout cas empreint de regrets. Il l'a été hier à la résidence El Mithak. «On continue de discuter», nous dit le PDG de Sonatrach. A propos de l'optimisme du ministre espagnol, notre interlocuteur répond sans conviction «ya rit, (j'espère !)». Dit en arabe, le terme comporte un sérieux sentiment de mécontentement même si Meziane s'est refusé à tout commentaire. Â Le ministre espagnol devait rencontrer hier tout de suite après la conférence de presse, le PDG de Sonatrach. En l'absence de Chakib Khelil actuellement à Washington, c'est Mohamed Meziane qui devra encore prouver la justesse de la demande algérienne. En tant que 2e vice-président du gouvernement espagnol, il est probable que Solbès ait été envoyé à Alger pour apaiser les esprits et tenter de convaincre les Algériens de recentrer les négociations autour d'éléments à même de dénouer la crise entre les deux pays. Medelci et Solbès ont tout de même voulu être confiants en l'avenir en faisant état de relations prometteuses entre les deux pays. La visite de Solbès à Alger a été accueillie selon Medelci avec «une grande satisfaction même si elle est pour quelques heures». Ont été abordés, dit-il, «les grands axes d'une coopération qui est de grande qualité». Le souhait a été toutefois émis «pour l'approfondir et la développer». Ils sont convenus pour cela de coopérer au niveau institutionnel, «c'est-à-dire entre les deux ministères» particulièrement au niveau de la fiscalité, de la douane et du cadastre. L'Algérie estime que l'Espagne a une grande expérience dans ces domaines que Medelci présente «d'excellence où s'expriment nos mouvements réformateurs». L'Espagne le lui a confirmé par la voix de son ministre et déclare être prête à l'aider à y mettre de l'ordre. Â Le deuxième volet visé par ces projets de coopération, le soutien aux réformes dans le secteur bancaire et financier notamment, dit Medelci, «pour ce qui est des sociétés d'assurances et de risque». Les deux parties se lancent comme «défi», selon le ministre, de «dégager des rapports de coopération avec pour effet d'inciter davantage de banques et de sociétés financières espagnoles à s'implanter en Algérie». Troisième axe de coopération retenu, «les transports, ferroviaire surtout, le dessalement de l'eau, les énergies dans des activités en aval», indique Medelci. Il y ajoute «les services de façon générale et particulièrement le tourisme que nous privilégions et la pêche». Le ministre annonce, à cet effet, la tenue prochaine de rencontres sectorielles entre les cadres des deux pays. Les deux ministres sont convenus, par ailleurs, de mettre sur pied une commission technique pour reconvertir en investissements les 30 millions d'euros de dette que détient l'Espagne sur l'Algérie. Après sa rencontre avec le chef du gouvernement et son déjeuner avec certains ministres comme Mohamed Bedjaoui, Solbès n'a pas manqué de souligner que ses discussions avec les responsables algériens lui ont permis de voir que «l'Algérie ne parle plus de problèmes de financements. Aujourd'hui, ses indicateurs macroéconomiques sont bien, je suis impressionné par les chiffres qu'a réalisés l'économie algérienne». Â En marge de la conférence de presse, et sur un tout autre chapitre, Medelci a déclaré aux journalistes que depuis septembre 2005, certaines solutions ont été trouvées entre la BADR et la société Tonic «et d'autres, c'est à la justice de les trouver». Il confirme l'information faisant état de la désignation par le juge d'instruction d'un administrateur judiciaire en la personne de Daoudi, «un cadre des finances de haut rang». Cet ancien PDG de la BDL est chargé, selon le ministre, «de trouver des solutions dans un temps limité, pour sauver l'entreprise et l'emploi».
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Posté Le : 10/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com