Le ministre palestinien de l'Intérieur, Hani Al-Qawasmeh, a rendu le tablier hier. Ce n'est pas la première fois qu'il démissionne, mais cette fois-ci, c'est bien définitif. Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a accepté la démission sur fond de violences entre Palestiniens qui suscitent peur et aversion à Ghaza. Â La démission du ministre de l'Intérieur, écoeuré et surtout impuissant devant la reprise des affrontements entre le Fatah et le Hamas, qui ont fait depuis vendredi neuf morts (4 pour la seule journée d'hier) et une cinquantaine de blessés, est logique. Cet universitaire, sans affiliation partisane, a tiré les conséquences d'une situation où il se retrouvait à la tête du ministère de l'Intérieur sans avoir le moindre contrôle sur les services de sécurité. Choisi comme solution de compromis, il découvre, comme de nombreux Palestiniens, qu'on lui fait jouer un rôle de potiche dans une guerre de position entre les deux factions dominantes. Â Selon les proches du ministre démissionnaire, la mauvaise volonté à accepter une mise en ordre des services de sécurité vient surtout du Fatah, parti du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « J'ai démissionné car je ne voulais pas d'une fonction purement décorative. Je suis arrivé à la conclusion que l'ensemble de la situation sécuritaire n'était pas géré avec sérieux ». Â Ce n'est guère surprenant de voir que le Fatah répugne à accepter que les services de sécurité passent sous l'autorité effective du ministère de l'Intérieur. La démission de ce dernier ne fait que le révéler et montre que la crise politique demeure irrésolue, malgré les proclamations de bonne foi patriotique qui ont suivi les accords de La Mecque. Pour beaucoup, ces accords ont pu être conclus car aucune des deux parties n'étaient en mesure de l'emporter par les armes. Mais apparemment, sans y renoncer totalement. En tout cas, le semblant d'autorité réunifiée vole en éclats avec un Fatah accroché plus que jamais à un monopole sur les services de sécurité. Le « chaos sécuritaire », cette hantise des Palestiniens, n'est pas près de prendre fin. Â En jetant l'éponge deux mois après sa prise de fonction, Hani Al-Qawasmeh illustre clairement l'ampleur de la crise. Il a pris acte du fait que les services de sécurité, qui dépendent du chef de l'Autorité palestinienne, refusent en réalité de rentrer dans le rang, même quand le ministre est sans affiliation politique. Le reproche du ministre démissionnaire ne semble pas concerner le Hamas. Le porte-parole du chef du gouvernement a déclaré que Hani Al-Qawasmeh demandait des prérogatives qui ne lui ont pas été accordées et qu'il n'a pas été informé du déploiement des forces de sécurité, la semaine dernière. A l'évidence, les accords de La Mecque sont menacés et même le gouvernement d'union nationale, laborieusement mis en place, pourrait voler en éclats. Ismaïl Haniyeh, qui assure désormais l'intérim au ministère de l'Intérieur, a réuni le gouvernement pour examiner la situation. Mustapha Barghouti a indiqué que la décision a été prise de déployer les forces de sécurité sous le contrôle du Premier ministre Ismaïl Haniyeh. Théoriquement, ce sont toutes les forces de sécurité qui sont concernées, celles qui sont contrôlées par Mahmoud Abbas comme celles qui relèvent du ministère de l'Intérieur. C'est-à-dire les factions qui s'affrontent depuis vendredi, ce qui ne peut que laisser dubitatifs les Palestiniens qui se sont terrés chez eux. C'est que la veille, les deux factions avaient annoncé une « trêve », qui n'a pas duré la nuit. Pour les Palestiniens, c'est tout simplement un retour à la case sanglante après les espoirs ténus ouverts par les accords de La Mecque.
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Posté Le : 15/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com