Algérie

«Le ministère est au bord de l'explosion...» Syndicat autonome des personnels du MAE


«Le ministère est au bord de l'explosion...»                                    Syndicat autonome des personnels du MAE
La contestation sociale gagne tous les secteurs, y compris l'auguste ministère des Affaires étrangères. Feu chez Medelci.
Le personnel du ministère dénonce sans détour «une situation au bord de l'explosion socioprofessionnelle, dont nul ne pourrait prévoir les conséquences». Il agite la menace d'une grève. Une première. Le ministre, Mourad Medelci, est officiellement saisi. Il risque de se retrouver avec une crise sans précédent sur les bras.
Dans une correspondance aux accents peu diplomatiques adressée au ministre, le Syndicat autonome des personnels du ministère des Affaires étrangères (SAPMAE) se dit prêt à en découdre : «Après les nombreuses réunions qu'il a tenues, depuis bientôt deux ans avec les secrétaires généraux ainsi qu'avec la direction générale des ressources, le SAPMAEA a le regret de constater que les négociations engagées avec l'administration se trouvent jusqu'à ce jour dans une impasse dangereuse pour l'avenir de notre institution.»
Les négligences, la mauvaise volonté, l'incompétence des représentants de l'administration qui règnent en maîtres au sein du ministère des AE ne laissent aucune autre possibilité au personnel du MAE que de menacer de recourir à la grève, explique encore le syndicat.
Après l'échec de l'approche administrative, le syndicat, dirigé par Mme Fatiha Souissi, ne jure que par un traitement politique des revendications «légitimes des fonctionnaires pour sortir le ministère de l'impasse dans laquelle il se trouve actuellement».
L'une des principales requêtes des fonctionnaires des Affaires étrangères est la promotion au sein de l'administration centrale et, aussi et surtout, la nomination à des postes à l'étranger. Les hautes fonctions au sein du département de Medelci semblent être la chasse gardée de quelques «privilégiés» en raison de la non-application de la loi sur la retraite. Dans une lettre adressée au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en novembre dernier, le syndicat fait état d'une situation «délétère» qui règne au ministère des Affaires étrangères.
Absence de transparence dans les nominations à l'étranger

«La situation au sein de notre ministère a malheureusement atteint un seuil qui n'encourage pas à travailler. Les promotions au sein de l'administration centrale et à l'extérieur sont devenues quasi impossibles en raison du monopole des postes que se partagent certaines personnes qui refusent de partir en retraite», affirme le syndicat. La carrière des jeunes diplomates se voit, du coup, bloquée. Gérontocratie. «Est-il raisonnable que plus de 100 cadres supérieurs de plus de soixante et soixante-cinq ans, qui devraient partir en retraite, si la loi était appliquée en toute objectivité et transparence, sont toujours en poste. Cela permettrait d'ouvrir des horizons devant les générations et leur donner un brin d'espoir», s'indignent les fonctionnaires des AE, qui portent ainsi à la connaissance de l'opinion publique le fonctionnement peu transparent de ce département hautement stratégique. Une situation qui déteint sur le rendement de la diplomatie algérienne en ces temps de crise. Au-delà de revendications essentiellement liées au plan de carrière, à la régularisation des salaires et primes de rendement et de titularisation, le SAPMAEA soulève une question centrale : la nomination des cadres dans les directions centrales et à des postes à l'étranger où l'opacité la dispute outrageusement à la transparence.
Le représentant des fonctionnaires exige «une organisation du mouvement diplomatique et consulaire et surtout la transparence dans la nomination des cadres à la centrale et à l'étranger et qui devrait tenir compte de l'ancienneté, de l'expérience et du grade».
Le syndicat réclame l'application stricte des délais réglementaires à «tout le monde» et propose soixante-cinq ans comme âge maximum de départ à la retraite pour «les ambassadeurs, les consuls généraux, les directeurs généraux, les directeurs ainsi que leurs adjoints».
En somme, Mourad Medelci, qui a passé deux ans à sillonner les capitales étrangères pour rassurer de «la stabilité» de l'Algérie, se trouve confronté à une «émeute» chez lui.
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