Algérie

Le ministère des Finances veut prévenir les chocs


La prévention des chocs financiers ou des crises systémiques, comme celle qui avait fait tant de dégâts dans les économies latino-américaines, au milieu des années 90 ou ce qu'on avait appelé à l'époque la crise des «bons du Trésor» (tesosbonos), est devenue une priorité pour les experts du ministère algérien des Finances.

Selon un modèle de prévention et de gestion des risques financiers, qu'ils soient externes ou internes, baptisé «Mega» (Modèle d'équilibre général algérien), actuellement en cours de «rodage», les grands décideurs économiques institutionnels pourront dorénavant, agir et prendre des décisions justes pour résoudre ce type de problèmes. L'annonce de ce modèle de gestion et de prévention des crises financières a été faite par ses concepteurs de la direction générale de la Prévision et des Politiques (DGPP) du ministère des Finances. Un outil, une fois fonctionnel et rodé, aidera le ministère et les autorités monétaires et même politiques à prendre les décisions appropriées, à une période de risque financier ou économique pour les grands équilibres de l'Algérie. «Mega» est «un modèle de simulation de crises qui calcule l'ensemble des impacts d'un éventuel choc sur l'économie, permettant aux décideurs de réduire l'incertitude autour des décisions futures des agents économiques», explique M. Ferhane Sidi Mohamed, directeur de la DGPP.

Le modèle donne en fait beaucoup d'informations pour faire face rapidement à une situation inédite de risque financier ou de choc pétrolier. Face par exemple à une baisse des prix du pétrole ou une hausse exceptionnelle des salaires de la Fonction publique, le nouveau modèle est en mesure, selon M. Ferhane, de calculer les impacts de ce choc sur le comportement de tous les agents économiques en se référant à une «image» de l'économie algérienne à une année donnée. Selon le premier responsable de la DGPP, ce modèle de simulation, qui prend l'année 2009 comme année de référence en Algérie, est un modèle d'équilibre général calculable (MEGC) adapté à l'économie algérienne. Pour autant, ce modèle de gestion des risques financiers ou des chocs économiques en général, pétroliers en particulier, est toujours en phase d'essais pour être appliqué dès 2013.

 Il permettra, selon un de ses concepteurs, M. Louahadj Sid-Ahmed, directeur de la Prévision macroéconomique à la DGPP, «d'analyser les relations entre les agents économiques et évitera ainsi de recourir à des séries statistiques longues, exigées par les modèles de prévision». Les modèles de prévisions, très «gourmands» en données statistiques, fonctionnent sur la base d'hypothèses qui risquent, en cas où elles sont imprécises, de «compromettre les résultats des prévisions», a-t-il précisé. Plus concrètement, le nouveau modèle de prévision des risques se base sur des données réelles et quantifiables, non sur des projections statistiques. Il en est ainsi que la DGPP a fait une étude sur l'impact de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) qui n'a pris en charge, à titre d'exemple, qu'un seul volet: celui du manque à gagner en matière de ressources budgétaires, explique M. Ferhane. Il précisera ainsi, pour valider le nouveau modèle proposé pour gérer l'économie algérienne et la prémunir des risques financiers ou de chocs externes, que «si nous disposions du Mega, alors que nous étions en négociations pour la signature de l'Accord avec l'UE, nous aurions pu calculer son impact sur l'ensemble de l'économie».

L'Algérie est actuellement en train de renégocier le report de la date du démantèlement tarifaire avec l'UE, car les produits algériens ne seront pas compétitifs à la date d'entrée en vigueur de ce dispositif, c'est-à-dire dès 2014. Le Mega constitue «un modèle typique d'aide à la décision publique», selon M. Louahadj, pour qui il «peut, par exemple, étudier les impacts possibles de l'adhésion à l'OMC et les décideurs auront une idée de cet impact, non pas sur une partie de l'économie, mais sur l'ensemble de l'économie».

Par ailleurs, la DGPP est sur le point de lancer deux autres modèles complémentaires de prévisions : le VECM (modélisation vectorielle à correction d'erreurs) et le MASPM (modèle algérien de simulation et de prévisions macroéconomiques). Le premier modèle «permet l'identification des facteurs de causalité dans l'économie grâce aux paramètres de saisonnalité», alors que le deuxième «permet une vision à moyen terme sur la base de séries chronologiques», selon les concepteurs de ces projets. L'annonce de ces instruments de calculs et de prévision des risques, des menaces ou des chocs économiques et financiers, intervient alors que le débat ne s'est pas encore estompé sur la dépréciation ou la dévaluation du dinar.


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