Algérie

Le ministère de la Justice se justifie



En essayant d'infirmer les informations, notamment, l'obligation faite à la détenue de porter le foulard pour chaque déplacement à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison, le département de Zeghmati n'a fait que confirmer, du moins en partie, les faits.Les pressions subies par la militante et élue à l'APW de Tizi Ouzou, Samira Messouci, détenue à la prison d'El-Harrach depuis le mois de juin écoulé, pour port du drapeau amazigh, ont fait réagir le ministère de la Justice.
En essayant d'infirmer les informations relayées concernant, notamment, l'obligation faite à la détenue de porter le foulard pour chaque déplacement à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison, le département de Zeghmati n'a fait que confirmer l'information, du moins en partie. Dans un communiqué repris par l'agence officielle APS, le département de Belkacem Zeghmati "a démenti les informations relayées par certains médias les 29 et 31 août 2019, faisant état de la privation de Mme Samira Messouci, incarcérée à l'établissement de rééducation et de réhabilitation à Alger, des soins médicaux, du port de la tenue traditionnelle, ainsi que de l'avoir obligée à porter le voile. Après avoir mené les investigations nécessaires, le ministère de la Justice dément ces faits relayés par certains médias". Le communiqué souligne qu'il s'agit "de faits présentés par une source d'information en dehors de leur contexte et, par conséquent, amplifiés de façon sensationnelle pour servir à des fins autres que celles déclarées". Concernant les détails des faits prétendus, le ministère de la Justice rappelle que "tous ceux qui sont en contact avec les établissements pénitentiaires savent que le port de la tenue traditionnelle ou le non-port du voile sont des libertés individuelles garanties pour tout un chacun et qu'aucun établissement pénitentiaire ne peut imposer le contraire". Toutefois, ajoute le communiqué, "il n'a été demandé à Mme Messouci que de se couvrir la tête en passant devant le bloc pour hommes, lors de son transfert vers le tribunal". Et c'est exactement ce que la détenue, sa famille et les avocats ont, justement, dénoncé. Le communiqué du ministère de la Justice a également évoqué les soins médicaux dont serait privée la détenue. Le document a précisé que les examens médicaux "sont assurés par un médecin (femme) au niveau de leur bloc sauf dans le cas des examens radiologiques qui nécessitent le passage de la patiente devant le bloc hommes", ajoutant que "cela a été interprété d'une façon contraire au contexte de l'incident relayé et à la bonne foi de l'administration pénitentiaire qui n'a jamais porté atteinte à sa liberté personnelle ni à celle d'autres détenues". À propos de la santé de Mlle Messouci, le communiqué a informé qu'avant son entrée à l'établissement pénitentiaire, "la concernée souffrait d'ecchymose au niveau de l'épaule". Des douleurs, faut-il le rappeler, causées par la violence de son arrestation par la police. Le même communiqué ajoute, dans ce sens, que "le médecin traitant affirme qu'elle se plaint actuellement de douleurs au niveau du coude, mais son état de santé est bon, confirmé par un examen radiologique (absence de fracture, d'inflammation ou de complications)". Il faut rappeler que Samira Messouci, sa famille et les avocats de défense des détenus ont dénoncé, récemment, les mauvaises conditions d'incarcération des détenus d'opinion, notamment concernant la pression exercée sur Samira Messouci pour le port du hijab. Le collectif d'avocats a informé qu'il a rencontré le directeur de la prison et que ce dernier "s'est engagé à régler définitivement la question". "Les avocats ont pu arracher le droit à Samira Messouci de porter une tenue sans foulard", précisait le communiqué du Comité national pour la libération des détenus, ajoutant que le directeur d'El-Hartrach "s'est engagé à dépêcher une délégation médicale dans les plus brefs délais pour s'enquérir de la santé de tous les détenus d'opinion. Il s'est aussi engagé à une prise en charge à l'extérieur de la prison, en cas de nécessité, pour les détenus qui ont besoin des soins spéciaux". La question qui reste posée est : pourquoi le ministère de tutelle dément une information, alors que le directeur de l'établissement pénitentiaire s'engage à régler les problèmes soulevés '

Mohamed Mouloudj


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