Algérie

Le Millénium ou l'inexistence de l'urbanisme


Le Millénium est un théâtre de laideurs en hiatus. Il est le produit d'une politique maladroitement administrée, une politique sans visée, un hymne destiné à la gloire de l'hideur officialisée.

Longer le Millénium rend compte du poids de la disgrâce des interventions des hommes, leur mépris de l'environnement tel qu'il a été dessiné par la toute-puissance de Dieu, des contradictions que les croyants peuvent avoir avec la légèreté et la faiblesse de leur foi. Même les mosquées sur le Millénium sont laides, affreuses, et se présentent comme des signatures qui affirment le caractère inesthétique de ce boulevard créé depuis peu.

A quoi tient cette laideur, si ce n'est à l'absence de compétences avérées au sein des administrations qui doivent prendre et assumer la responsabilité de créer des «paysages» urbains, selon tous les sens que peut comporter ce mot. Est paysage ce qui se prête au désir d'être peint, admiré et protégé. Ce désir provient du sentiment de se plaire dans l'endroit fréquenté. L'agréable est ce qui conditionne la qualité de ce type d'espace. Or, c'est bien de cette valeur que, malheureusement, nous nous sommes tous écartés, administrateurs et administrés.

Toutefois, je reste personnellement à mon idée première. Ce qui manque à une commune comme Bir El-Dir, ce n'est ni l'argent, ni les plans, ni les lois, ni les politiques. Ce qui manque à cette commune, c'est l'homme qui s'engage, qui fait et qui applique, l'homme qui assume et qui montre qu'il n'est pas intéressé par le poste mais plutôt par le résultat de son engagement. C'est en ce sens que nous nous interrogeons sur l'absence des autorités locales, sur l'inefficacité de l'urbanisme des plans qui ne sont d'ailleurs jamais appliqués, et que nous avons si souvent dénoncés.

Le misérable Millénium n'est que le reflet d'une commune dont toutes les localités sont abandonnées, jusqu'aux portes de son chef-lieu. Les rues autour du siège de la commune sont dans un état lamentable. Le siège est lui-même inesthétique et offre des services désorganisés. Depuis presque trente ans, les coopératives se trouvant à proximité de ce siège ne possèdent pas de rues goudronnées. Le village de Bir El-Djir (ex-Arcole) est devenu l'expression du désordre que lui imposent ses habitants en l'absence de toute autorité. Il est sûr que les dernières élections locales n'ont rien changé. Car encore une fois, les hommes qu'il faut ne sont pas au rendez-vous. L'unique atout que nous trouvons au Millénium, c'est qu'il a ouvert une brèche évidente sur le caractère saccadé des projets qui s'y sont établis. Nous regrettons que le Président de la République n'y ait pas mis les pieds pour se rendre compte par lui-même de l'écart qui sépare les aspirations officielles des politiques avec la qualité des projets réalisés. Car l'on n'ouvre pas, me semble-t-il, un boulevard en se targuant de sa longueur inégalée. On assure d'abord sa bonne gestion en vue d'obtenir sa bonne réalisation. On ne recourt pas, comme on le fait aujourd'hui, au parachutage de feu rouges et de dos-d'ânes pour colmater les défaillances et les dangers que suscite le branchement d'autres rues ou boulevards très et trop mal implantés et réalisés avec le Millénium.

Je suis convaincu que dans ce type de cas, on ne peut évoquer l'idée de l'existence d'un urbanisme professionnel. L'absence de stratégie, de transparence et le manque d'idées témoignent de l'incapacité de nos responsables à faire la ville. En d'autres termes, ce n'est pas la formation des maires dans les hôtels huppés d'Alger qui va changer la triste réalité de nos communes. C'est l'engagement et le sens de la responsabilité qui sont censés être en nous. Si nous ne les avons pas, alors c'est peine perdue.



* Architecte docteur en urbanisme




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