Le militantisme temporaire

Ce sont ceux qui se combattent qui peuvent faire la paix, disait feu Nahnah, et nul ne l'avait démenti à ce moment en lui portant la contradiction.
Les défis de la paix, celle-ci devant se faire entre ceux qui se combattent, ou les défis de la réconciliation, alors même que les fractures politiques ne sont pas encore soudées ' Tout nuage de poussière soulevé à l'horizon n'annonce pas fatalement le retour de la réhabilitation de la classe politique, ni même celle de la relance économique. On dit toujours que le terrorisme et la drogue sont des phénomènes étrangers à notre société, nous privant ainsi de la recherche d'une thérapie. On peut continuer à éplucher la feuille en disant que l'engagement politique, la relance de l'économie sont des phénomènes étrangers à notre société. La paix n'arrive pas toute seule dans un tel environnement. Elle ne dépend ni exclusivement de l'amnistie générale pour ne pas parler des démarches de la concorde et de la réconciliation, ni exclusivement des moyens de force, et pas forcément dans la combinaison d'un pardon unilatéral et de l'usage de l'instrument militaire. Par qui devraient être relevés les défis de la paix ' Ceux qui avaient fait tant de discours durant les deux campagnes de la concorde puis de la réconciliation et qui appelaient «nos frères des montagnes à descendre» sont eux-mêmes rentrés à la maison, se prévalant du besoin de goûter au «repos du guerrier», avec la conviction qu'ils s'étaient assez démenés comme ça. Un tel militantisme dure quelques journées, et puis cela constitue un capital à valoriser pour des opportunités futures. Il ne s'agit pas d'une pause, mais de l'abandon de l'engagement actif. Les «frères des montagnes» ont besoin de subir un harcèlement continu des appels à en descendre, pour justement en descendre, mais peut être doivent se dire que rien n'est sérieux, puisque ceux qui les ont appelés ont cessé brutalement de continuer à le faire.