Algérie

Le milieu rural aussi



Le milieu rural aussi
Constat - La tendance actuelle des jeunes à «fuir» la formation et entamer le travail informel très tôt ne se limite pas aux espaces urbains, mais concerne également le milieu rural.
La persévérance, l'amour des études et le sens du sacrifice, connus chez les montagnards, sont, en effet, des valeurs en voie de disparition.
Il y a quelques années seulement, les enfants des villages les plus enclavés défiaient tous les obstacles (absence de transport scolaire, conditions climatiques, éloignement des écoles de leur domicile, l'obscurité, la faim, etc.), dans l'objectif de réussir dans leur cursus. «Nous étions contraints de parcourir une distance de huit kilomètres matin et soir pour nous rendre au CEM, en traversant une forêt dense en bravant la peur et l'obscurité.
Même l'insécurité qui régnait à l'époque ne nous faisait pas reculer, car notre objectif était noble», se rappelle Ali, habitant au village Melaiel, dans la commune de Frikat ( 50 km au sud de Tizi Ouzou).
«Au cycle secondaire, nous avons éprouvé le même calvaire. Il y avait un seul bus privé en direction de Drâa El Mizan. Nous étions obligés de nous lever chaque jour à cinq heures du matin, et si jamais on ratait le bus, il fallait parcourir une dizaine de kilomètres à pied. Nous avons résisté, et Dieu merci, notre sacrifice a porté ses fruits», poursuit notre interlocuteur, actuellement professeur de langue allemande. Des centaines de milliers d'Algériens avaient vécu la même situation et s'accrochaient, malgré tout, à leur objectif majeur, celui d'atteindre un niveau intellectuel respecté.
Toutefois, ces dernières années et en dépit des moyens mis en place par les pouvoirs publics au profit des zones rurales, l'engouement pour les études recule de plus en plus. Des adolescents quittent l'école pour s'adonner à des activités lucratives, se lançant dans une course contre la montre pour gagner le maximum d'argent possible. D'ailleurs, des marchés aux puces sont apparus, massivement, ces dernières années dans les villes entourées par des zones rurales et sont animés par des jeunes qui proposent toutes sortes de produits à la vente. La culture du «trabendo» s'est installée dans les esprits de ces villageois qui, eux aussi, accordent moins d'importance à la formation. «J'ai deux enfants âgés respectivement de 15 et 17 ans qui ont été exclus de l'école.
Toutes mes tentatives de les convaincre de s'inscrire dans un centre de formation professionnelle ont été vaines. Ils passent leur temps dans les marchés, achètent et revendent divers objets, affirmant qu'ils veulent devenir riches», témoigne Rabah, la cinquantaine, habitant à Haïzer, dans la wilaya de Bouira.
«Les jeunes d'aujourd'hui sont hantés par l'idée de posséder des véhicules et des commerces. Si ce phénomène persiste, nous risquons de nous retrouver sans diplômés universitaires, ni de personnes diplômées dans les métiers manuels.
C'est une génération totalement à côté des principes et des valeurs d'antan», regrette notre interlocuteur. Ce qui est encore plus grave, c' est que ces jeunes rejettent le travail de la terre et tiennent d'abord et avant tout à «être propres et bien habillés».


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