Algérie

Le métro passe, les Paroles restent Reportage : les autres articles



Le métro passe, les Paroles restent                                    Reportage : les autres articles
Depuis quelque temps, le président Bouteflika a limité au strict minimum ses interventions publiques pour des raisons de santé qui deviennent de plus en plus évidentes.
En plus de réduire ses activités officielles et ses prises de parole, il s'est imposé un nouveau régime qui consiste à renoncer à faire la moindre déclaration publique via la presse quand il lui arrive, ce qui est de moins en moins le cas, d'effectuer des visites sur le terrain pour inaugurer des projets comme il l'a fait dimanche à Alger. Pourtant l'événement ' l'inauguration du métro d'Alger, ce bébé tant désiré, né au forceps sous son règne ' aurait pu constituer, médiatiquement et politiquement, un moment fort qu'il aurait pu immortaliser et porter à son crédit par une déclaration solennelle. Il aurait pu, à cette occasion, prendre à témoin l'opinion publique par rapport à cette réalisation grandiose et réitérer sa détermination à mener à terme les projets en cours.
Les téléspectateurs qui ont suivi à la télévision les images de la visite présidentielle dans la wilaya d'Alger ont, une fois de plus, découvert un président réduit à inaugurer les chrysanthèmes. Présent physiquement sur le terrain mais n'éprouvant paradoxalement aucun besoin de transmettre un quelconque message aux citoyens, de dire un mot ne serait-ce de circonstance pour marquer l'événement en direction des cadres et des travailleurs qui ont relevé le défi de doter la capitale de son métro après toutes les péripéties par lesquelles le projet est passé. L'ambiance de fête avec le rituel des troupes folkloriques appelées en renfort et l'inévitable bain de foule voulu par les organisateurs comme une preuve de la communion entre le peuple et son président contrastait singulièrement, ce dimanche, avec le visage fermé qu'offrait à voir Bouteflika.
A peine avait-il concédé d'arborer quelques sourires discrets, voire forcés, arrachés par devoir protocolaire beaucoup plus que par conviction, le verbe en berne, se contentant d'écouter dans une passivité qui ne lui sied guère, lui qui est connu pour sa propension à coincer dans les cordes ses interlocuteurs les plus retors. Les explications fournies par le ministre des Transports, Amar Tou, au président Bouteflika à bord du métro, ressemblaient à des confidences que l'on se livre dans le creux de l'oreille. Ni la presse, tenue volontairement à l'écart, ni les autres membres de la délégation n'entendront ni ne sauront ce qui s'est dit entre les deux hommes et ce que pense le président Bouteflika de cette réalisation. Quelle que soit la force de l'image, le message véhiculé par un événement restera de portée limitée, voire de nul effet sur la cible si l'émetteur ' le chef de l'Etat dans ce cas d'espèce ' choisit la posture inexpliquée de demeurer un acteur politique de plus en plus aphone.
Le tout est de savoir pourquoi le Président se refuse-t-il, depuis quelque temps, à parler à ses concitoyens comme il les avait habitués de manière assidue durant ses deux premiers mandats ' Cela même pour marquer des événements d'une grande portée symbolique pour le pays, comme l'inauguration du métro d'Alger qui s'est déroulée presque à la sauvette. Bouteflika donnait l'impression comme s'il s'excusait d'associer sa mandature à la réalisation du métro. Lassitude du pouvoir ' Pudeur politique ' Incapacité physique liée à la maladie d'assumer pleinement les fonctions présidentielles ' Quelles que soient les explications que l'on pourrait avancer pour tenter de comprendre ce qui a poussé Bouteflika à s'enfermer de plus en plus dans sa bulle présidentielle, l'énigme de son silence reste entière.


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