Algérie

Le métro menace des immeubles à La Casbah Travaux d'extension menés vers la Place des Martyrs



Des habitants de la Casbah ont reçu une correspondance indiquant que les équipes du CTC n'ont pas pu expertiser des immeubles situés sur le tracé du métro.
L'extension de la première ligne du métro vers la place des Martyrs ne se fera pas sans conséquences : le site classé au patrimoine mondial de l'humanité, la Casbah, risque de se dégrader davantage. Si la station Place des Martyrs devrait être convertie en station-musée en raison de l'existence de vestiges des époques romaine et turque, les immeubles de la vieille ville, intégrés dans le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah (PPSMVSS), ne connaîtront pas, semble-t-il, le même destin. Tous les bâtiments et les locaux situés dans la zone d'influence du projet devaient faire l'objet d'un constat des lieux avant le démarrage des travaux d'extension.
Des habitants de la Casbah ont reçu, ces derniers jours, un courrier, dont El Watan détient une copie, pour les informer que les équipes du CTC n'ont pas pu expertiser des immeubles situés sur le tracé du métro. Raison : le maître d''uvre, l'Entreprise du métro d'Alger (EMA), assure n'avoir pas pu accéder à certaines parties des bâtiments et dégage ainsi sa responsabilité quant à d'éventuelles conséquences fâcheuses. «Suite aux deux passages effectués par les services du CTC Centre-LCTE le 25 janvier 2011 afin d'effectuer un diagnostic technique sur votre habitation/local, il a été constaté votre refus d'accès à ses équipes sans aucun motif valable. En conséquence, l'EMA et le groupement GMAC déclinent toute responsabilité et aucune réclamation ne sera prise en charge pendant et après la réalisation des travaux», peut-on lire dans l'avis adressé à un habitant de la rue Landari Mohamed (ex-rue du Chêne).
Les résidants assurent n'avoir jamais reçu aucune équipe du CTC.
«Deux jeunes ont parlé à un voisin abordé en bas de notre immeuble. Il l'ont interrogé sur l'état de l'immeuble et sont repartis tout de suite après, sans laisser de document et sans expertiser l'immeuble qui se dégrade à vue d'oeil», constate Lyes, un résidant, qui s'étonne de la célérité avec laquelle ont été engagées les procédures pour l'expertise des immeubles situés sur le tracé du métro de 1,7 km (Place Emir Abdelkader - Place des Martyrs). Des travaux sont menés sous les immeubles de la rue de la Lyre (Bouzrina) et des rues adjacentes, touchés déjà de plein fouet par le séisme de 2003. «Des immeubles sont fissurés à la rue d'Isly à cause des vibrations. Nous constatons des fissures à la verticale sur les bâtiments. Les immeubles de la Casbah n'ont pas fait l'objet d'une expertise du CTC», relève une source au ministère de la Culture qui craint que la partie basse ne soit concernée par ce même constat. En juillet dernier, deux décrets exécutifs sont parus au Journal officiel portant sur des déclarations d'utilité publique des opérations d'extension de la réalisation de deux lignes du métro d'Alger de la place Emir Abdelkader vers la place des Martyrs et de Haï El-Badr vers Aïn Naâdja.
Immeubles expropriés
Le premier décret exécutif indique que le caractère d'utilité publique concerne les biens immeubles et/ou les droits réels immobiliers servant d'emprise pour l'extension de la réalisation de la première ligne du métro d'Alger de la place Emir Abdelkader vers la place des Martyrs. Les terrains servant d'emprise à la réalisation de l'extension, qui représentent une superficie totale de quatre (4) ares et quatre-vingts (80) centiares, sont situés dans la commune de la Casbah. Ces deux textes posent la problématique de l'expropriation de biens classés monuments historiques.
Le plan de sauvegarde de la Casbah n'est pas adopté en conseil du gouvernement et les mesures pour la protection de la vieille ville ne peuvent être prises que dans le cadre de ce mécanisme. Au ministère, l'on assure que les immeubles qui seront touchés devraient concerner surtout des habitations de la période coloniale. «L'OPGI prendra en charge les habitants. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'EMA pour tous les autres aspects», s'est contenté de dire notre source au ministère de la Culture sans signaler les conséquences sur un patrimoine déjà fragilisé par le temps.
L'existence de monuments historiques classés sur le tracé du projet du métro, comme La Casbah, s'est posée dans d'autres villes en France. Conformément à la réglementation, les aménagements temporaires liés aux travaux qui rentreraient dans le périmètre de protection d'un monument inscrit ou classé devront être effectués en concertation avec l'Architecte des bâtiments de France qui déterminera si des mesures sont nécessaires.
On n'en a pas d'équivalent en Algérie. Des responsables intervenant dans cette partie de la ville n'ont pas tous voulu répondre à nos sollicitations. Le ministère du Transport et l'EMA n'ont pas voulu s'exprimer sur cette situation et les mesures à prendre pour protéger les habitants et la vieille ville historique.


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