Photo : S. Zoheir
Par Karima Mokrani
Il n'était pas encore 9h, hier, lorsque la station de la Grande-Poste du métro d'Alger s'est remplie d'une foule nombreuse, composée d'hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes, de personnes âgées et d'enfants venus voir le métro en marche. En quelques minutes seulement, la bouche du métro s'est transformée en fourmilière. Du monde partout. Devant les guichets, les marches d'escaliers, les escaliers mécaniques, sans compter les agents d'accueil et les agents de police. Un véritable rush pour un jour férié, mais cela se comprend : c'est le premier jour de mise en circulation du métro, trente années après son lancement. «Nous l'avons presque oublié' Maintenant, il est là. C'est un grand événement», commente une femme, enseignante du secondaire.
«C'est devenu un mythe, tout un symbole. Pour dire vrai, peu de personnes croyaient en l'aboutissement du projet. Depuis des années qu'il est lancé et que l'on évoque des contraintes de tous ordres pour sa réalisation (problèmes financiers, situation sécuritaire')», affirme un homme, la cinquantaine. La station de la Grande-Poste grouille de monde. Les résidents d'Alger arrivent en famille, en groupe pour marquer leur présence à ce rendez-vous, qu'ils considèrent historique. C'est aussi l'occasion pour eux de découvrir le métro et vérifier que le gouvernement en place, sous les instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a respecté ses engagements en la matière et a tenu sa promesse d'offrir aux habitants d'Alger un métro qui répond aux normes internationales. «Il est vrai qu'ils ont mis beaucoup de temps pour sa réalisation, mais il est là aujourd'hui. Tout est très bien fait. C'est une fierté pour nous' Près de 100 milliards de dinars ont été dépensés pour le mener à terme. Nous n'avons pas à rougir devant les autres peuples du monde», soutient un autre, près de la soixantaine. Les curieux aussi sont nombreux. «Là où il va s'arrêter, je vais m'arrêter moi aussi», lance, souriant, un homme d'une quarantaine d'années. Ce dernier confie qu'il ne se dirige pas vers un endroit bien précis mais il profite de sa journée libre pour découvrir ce métro «dont on ne cesse de parler» depuis pratiquement une trentaine d'années. La foule est nombreuse. Il y a surtout des enfants et des personnes âgées. Le personnel de l'entreprise du métro d'Alger en est agréablement surpris : «Franchement, nous ne nous attendions pas à ce qu'il y ait autant de monde pour un jour férié. Les gens sont arrivés très tôt le matin et tous demandaient des informations». «Ce qui est remarquable, c'est qu'ils affichent tous du contentement et, je pense, du soulagement de nous voir là à leur écoute et à leur disposition», déclare un agent, parmi de nombreux autres déployés dans tout l'espace de la bouche du métro. Une femme se mêle à la discussion et lance : «Ça va nous changer des mauvais comportements que nous subissions au quotidien dans les bus et les taxis qui n'en font qu'à leur tête et imposent leur loi.»«Bien sûr que c'est une bonne chose. Ça fait gagner du temps et, en plus, c'est mieux qu'un taxi compteur», soutient un père de deux enfants, venus tous les trois «faire une petite promenade» dans le métro. L'homme assure que 50 DA le ticket, ce n'est absolument rien devant le prix imposé par les taxis : «De Bab El Oued à la Grande-Poste ici, le plus gentil des chauffeurs de taxi te fera payer 70 DA, sans compter les embouteillages et autres contraintes liées à l'état du véhicule, au mauvais temps...»Pour ceux qui considèrent le prix du ticket trop élevé parce qu'ils doivent faire des navettes quotidiennes, pour aller au travail ou autre, c'est justement là où ils trouveront leur compte. «Ça profitera plus aux personnes qui voyagent quotidiennement parce qu'il y a les abonnements hebdomadaires et mensuels. Il y aura jusqu'à 30% de réductions», explique un homme parmi les voyageurs du métro. Ces «défenseurs» du métro sont d'ailleurs nombreux parmi les visiteurs. «Je vous assure qu'il offre beaucoup d'avantages et sachez d'abord que le tarif de 50 DA n'est pas le prix réel de revient. Le prix réel est de 84 DA et c'est l'Etat qui paie la différence. Soyons donc optimistes», répond un habitant des environs d'Alger-Centre» à un autre qui s'est montré plutôt sceptique, voire quelque peu déçu à cause du prix. «Je pense que je continuerai à prendre le bus malgré son état défectueux et les embouteillages. 50 DA c'est trop cher pour moi». Un autre, un jeune de 25 ans environ, lance presque la même chose : «C'est la première et la dernière fois que je monte dans le métro. Je ne peux pas payer 50 DA tous les jours. Aujourd'hui, ils m'ont dit que c'est gratuit, c'est pour cela que je suis monté.» Parlons justement de la gratuité du voyage pour ce premier jour de mise en branle du métro, il est vrai qu'une rumeur, à ce propos, circulait depuis plusieurs jours. «Ils sont venus dans les écoles et ils l'ont dit clairement aux enfants», confie un homme, venu avec ses deux enfants. Une fois sur place, «seuls les personnes âgées et les enfants ont droit de prendre gratuitement le métro aujourd'hui. Ma femme et moi, nous payons 100 DA. Mais ce n'est pas méchant», poursuit-il. «Je n'ai rien payé» affirme, contente, une vielle dame. «Ils ont dit que c'est gratuit pour nous aujourd'hui», précise-t-elle. C'est ce qui explique, en partie, le nombre très important de vieilles personnes et d'enfants qui ont afflué hier dans toutes les stations du métro, de la Grande-Poste à Haï El Badr. Partout, en effet, l'ambiance était la même : une foule nombreuse, des agents d'accueil submergés par les demandes d'orientation et de renseignements, satisfaction devant le nouveau décor et un grand plaisir de se retrouver dans un cadre aussi agréable. «C'est magnifique. Vraiment beau. Tout est bien fait», commentent de nombreux visiteurs. Ces derniers sont d'autant plus satisfaits que la durée de déplacement ne dépasse pas 10 à 15 mn. «De la Grande-Poste aux Fusillés (Hussein dey), j'ai fait 7 minutes», raconte une femme. «Ça m'arrange parfaitement pour mon travail», dit-elle. Mieux, entre le passage d'une rame et une autre, «il n'y a pas plus de trois minutes». Et durant les heures de pointe, c'est pratiquement sans arrêt.Pour en revenir aux tarifs, il est à signaler que l'abonnement ne commence qu'aujourd'hui : 540 DA l'abonnement hebdomadaire et 1 820 DA le mois, auxquels s'ajoutent 110 DA, le prix du «support» pour la carte. Une carte magnétique valable au niveau de toutes les stations. Le dossier à fournir est constitué de deux pièces : photocopie légalisée de la carte d'identité nationale et une photo d'identité.Par ailleurs, assurent les nombreux agents sur place, la sécurité des voyageurs est assurée à tout moment de la journée : de 5h à 23h. «Nous sommes là pour cela, il n'y a absolument rien à craindre».«Mon inquiétude à moi concerne l'entretien des lieux et la maintenance des équipements. Il faut être à cheval sur cela. Il ne faut pas laisser cumuler les problèmes d'ordre technique ou autre», relève un autre visiteur. A cela, un autre réplique : «Ne vous inquiétez pas, ce sont les Français qui gèrent tous les espaces du métro. Ils sont sérieux.»
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Posté Le : 02/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K M
Source : www.latribune-online.com