La question fondamentale tient avant tout à la répartition des richesses. C'est même le coeur du problème en Algérie.
Nos autorités ont-elles décrypté convenablement le sens du message que viennent de nous envoyer les citoyens du Sud' Ont-elles saisi son sens véritable' Notons d'abord, la leçon patriotique qu'ils viennent de donner à ceux qui doutaient encore de leur attachement à ce pays. Dans le chapitre de l'unité nationale, le Sud a fait sa démonstration, il y a de cela 60 ans déjà, quand la même leçon de patriotisme a été assénée par l'Amenokal du Hoggar, Hadj Moussa Ag Akhamokh à l'administration coloniale.
Le général de Gaulle, voulant soudoyer les citoyens du Sud, avait envoyé, vers les années 1960, un émissaire à l'Amenokal. Ce dernier, pour marquer son attachement indéfectible à l'unité nationale a eu cette géniale réponse: «La nature a fait qu'un corps humain soit une entité complète et on ne peut pas séparer un membre de l'autre, alors n'offensons pas l'oeuvre de la nature, mon général.» Passons donc sur cet attachement du Sud à l'unité nationale clairement signifiée jeudi dernier. Mais la question fondamentale qui se dégage de la manifestation des jeunes chômeurs de Ouargla tient d'abord et avant tout à la répartition des richesses. C'est même le coeur du problème en Algérie. L'opulence du pays ne se répercute pas sur le niveau de vie des populations.
Au mieux, le gouvernement se complait dans une gestion à court terme, préférant regarder ailleurs quand il se trouve face à l'un des plus graves problèmes de l'histoire de l'Algérie indépendante. Comment expliquer qu'un pays sans dette, qui prête au Fonds monétaire international (FMI) 5 milliards de dollars, qui dort sur 190 milliards de dollars de réserves de change, ne puisse pas offrir de travail, de logements, de loisirs et perspectives à ces jeunes. Il n'y a pas pire danger pour une nation que la frustration de sa jeunesse, surtout quand elle dure dans le temps. Les cris des jeunes de 1988 ont été qualifiés de «chahut de gamins», le «non à la hogra» scandé durant le printemps noir de 2001 en Kabylie a été étouffé dans un carcan identitaire, on a opposé la prison aux harraga d'Alger, d'Oran, de Annaba, que feront les pouvoirs publics face aux cris du Sud'
L'Algérie a cette faculté de cumuler les paradoxes, puisque le niveau de vie de la population ne correspond pas à la croissance positive du PIB. Encore moins à son matelas financier suffisamment consistant pour offrir du rêve à cette jeunesse qui pétille. Aucune solution, aucune démarche ne sera efficace sans une réelle répartition des richesse de ce pays et une décentralisation de la décision politique. Cela s'appelle la régionalisation qui est une autre question. Un autre problème tout aussi sérieux qu'il va falloir gérer avec la plus grande rigueur.
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Posté Le : 16/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim TAKHEROUBT
Source : www.lexpressiondz.com