Algérie

Le message de la garde-robe



Le message de la garde-robe
On devrait remercier l'artiste Amar Saïdani, par ailleurs secrétaire général du parti FLN, d'avoir égayé la scène politique -si tant est que ç'en est une- pendant une semaine au complet. Parlant comme un bulldozer, c'est-à-dire sans distinguo ni nuance, son art de la percussion amplifie et porte loin ses paroles. Donc, toute la semaine passée, il n'y eut de commentaires, d'analyses, de dénonciations, de positionnements opportunistes, de faux-fuyants, de silences gênés... que pour le monsieur Jourdain de la politique. Car, comme Le Bourgeois gentilhomme de Molière qui découvre, ahuri, qu'il fait de la prose sans le savoir, l'enfant terrible d'El Oued n'a pas seulement fait la même trouvaille que l'arriviste de Molière.Grâce à sa soudaine et exceptionnelle notoriété, ses déclarations sont attendues, scrutées et regardées comme l'indice CAC 40 de la présidentielle algérienne. Rançon de la gloire, même ses silences donnent lieu à des analyses. Par exemple, le mois dernier, il a concédé quelques jours de repos à son moulin à prières tibétain. Sans lui accorder le moindre délai de grâce, les journaux se sont mis aussitôt à gloser sur le silence «prolongé» du leader du parti majoritaire, allant, pour certains d'entre eux, jusqu'à supputer sur une éventuelle disgrâce de l'homme réputé de confiance d'autres hommes qu'on dit très puissants. Mais, pauvres confrères, «Paris vaut bien une messe», selon le proverbial mot d'Henry IV ! Et il suffisait de suivre attentivement le JT de l'Unique démultipliée pour remarquer le nouveau look du Sieur Saïdani. Oui, certains vont dire que c'est une punition trop dure, mais que voulez-vous, chaque métier à ses servitudes et contraintes. Et dans la presse, c'est vrai, il faut se faire violence plus que dans d'autres professions. En tout cas, c'est grâce à l'Unique que l'auteur de ces lignes a découvert un changement dans le look de Saïdani. Sa coiffure a changé. Les cheveux coupés plus courts donnent l'impression d'un rajeunissement du visage. A condition d'éviter le gros plan, sinon ce sont les rides qui apparaissent en premier. Au plan vestimentaire, il porte beau. La veste est taillée dans le meilleur tissu, une élégance qui ne peut être constatée qu'en étant très attentif au fini de la couture entre le bras et l'épaule. Et là, en l'occurrence, pas le moindre faux pli, aucun gondolement dû à un débord de tissu.Bon, maintenant, on ne peut pas dire, non plus, que son séjour parisien n'a servi qu'au renouvellement de sa garde-robe. La Ville Lumière étant connue pour abriter toutes sortes de conclaves algériens, rien ne pouvait empêcher l'agitateur en chef de la précampagne présidentielle d'y joindre l'utile à l'agréable. Comme quoi, il ne servait à rien de se lancer dans de laborieuses supputations et hypothèses sur un petit répit de quelques jours de l'art discursif du patron contesté par des contestataires, du parti du FLN. Parceque maintenu qu'il est revenu de Paris où il s'est refait une beauté, vous allez avoir du grain à moudre, chers confrères. Vous en avez eu un avant-goût la semaine dernière avec la subtilité qu'il a mise à lancer son Poclain (certains disent que c'est un Caterpillar) sur le mur du DRS. Tout le monde doit le savoir, une nouvelle garde-robe «Marka», ça fait réinvestir gaillardement l'arène politique.Un conseil : si vous voulez comprendre quelque chose à la politique algérienne, soyez attentifs au porter vestimentaire, à la garde-robe, à la coupe des cheveux de ses animateurs du moment. La preuve par l'accoutrement ' Depuis son retour de France en juillet dernier, le président Bouteflika est passé du survêtement Lacoste à la chemise décontractée sur pantalon classique pour finir avec le complet veston et n?ud de cravate Windsor. Chacune de ces tenues est un message à la population et à Louisa Hanoune qui le suppliait de parler. Et en plus, ça a le mérite de vous éviter les fastidieuses lectures des pensums de politologues qui doivent avoir le courage et la modestie de s'avouer vaincus par le cas Algérie.A. S.




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