Date éminente, nourrie d’une forte charge émotionnelle, le 11 décembre 1960 a la résonance de formidable épopée. Quarante-six ans après, il convient encore et toujours comme d’un moment historique privilégié et inséparable de la conscience collective nationale. Ces vertus qui ont rendu possible le magnifique élan du 11 décembre 1960 ne peuvent pas être regardées comme un seul phénomène spontané. Ce jour-là, c’est le caractère algérien qui s’est exprimé lors de manifestations populaires qui ont sonné le glas d’un ordre colonial agonisant. Inoubliables instants qui nous rappellent, précisément aujourd’hui, que les jeunes Algériens qui étaient sortis, au péril de leur vie, à Alger et dans d’autres villes du pays, étaient animés par la puissante flamme de l’idéal. La séquence du 11 décembre 1960 est porteuse de sens, en cela qu’elle indique aux jeunes générations la valeur du sacrifice qui impose à chaque citoyen de ce pays un devoir de mémoire : les martyrs qui ont fait la grandeur de l’épopée algérienne sont tombés pour que les Algériens vivent debout. Leur exemple doit être d’autant plus médité à l’aune d’une liberté retrouvée qui dicte à chacun d’entre nous la nécessité d’être partie prenante dans l’effort d’édification nationale pour laquelle nos aînés se sont sacrifiés. Il y a une responsabilité à la fois morale et politique que d’être à la hauteur du message induit par un fait historique de la dimension du 11 décembre 1960 si antinomique de désillusion ambiante sans doute plus entretenue que réellement assumée. Il s’agit, maintenant comme hier, de croire au potentiel de la jeunesse de ce pays dont le dynamisme ne doit pas être dévié de ses véritables objectifs mais, au contraire, être conforté par un espoir de nature à soulever des montagnes. A ce segment essentiel de la population, il y a lieu de proposer des modèles, des choix de vie, gratifiants, dans la mesure où ils constituent les garants de leur avenir. Car qui sont les jeunes Algériens de 2006 sinon les continuateurs de ces personnages hors norme qui, du 1er novembre 1954 jusqu’à l’indépendance du pays, avaient pris toute la mesure de l’histoire. Qui pouvait alors s’en douter ? C’est l’érosion de l’idéal, individuel ou collectif, qui momifie les sociétés. Dans une Algérie où il y a tant de chantiers productifs à lancer, aucun programme de développement ne peut éluder le facteur humain et plus directement encore faire l’impasse sur l’argument, incontournable, de la jeunesse.
Posté Le : 11/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com