Le mégot infernal

Quand vient la canicule, la végétation s'y prête à  un incendie de forêt qui ne dit pas son nom. Le jet d'un mégot par inadvertance enflamme tout le massif forestier. Ce drame à  répétition se perpétue au gré des complaisances à  voir rougir des flancs de montagne. A croire que le baptême des feux de forêt commence là où les grandes chaleurs sont au comble. A chaque saison estivale son lot «d'inferno», et il ne se passe pas un été sans feu. A travers toute la planète, c'est le rendez-vous des flammes. Les canadairs sont sollicités pour des missions impossibles sur de géants foyers d'incendie. Des scénarios catastrophe conçus pour la circonstance anticipent sur la charge passionnelle des vacanciers à  se prémunir du danger. C'est encore par le feu que périront des hectares de forêts. Un sacrifice infernal  lourd de conséquences pour l'écosystème. Il y a comme une malédiction de la forêt qui jette son sort sur les randonneurs. Ils sont nombreux à  revisiter le monde des mazdéens en vénérant le feu pour se laver de tous pêchés. La pyromanie a des raisons que le cœur ne connaît pas encore. Ils sont venus encore une fois cet été mettre le feu aux forêts. Pour eux, un été sans feu n'est autre qu'une fade période «sans chaleur». Le buisson ardent les a crachés pour les faire revenir un jour. La vénération qu'ils portent au feu n'a d'égal que leur esprit morbide contre nature. Ils sont parmi nous, ils se réclament même d'être défenseurs de cette lueur rougeâtre qui purifie les âmes. Les grandes vacances sont toujours liées aux dangers du non- respect de l'arbre. Il n'y a qu'un pas entre l'arbre et le feu, il suffit de se laisser prendre à  ses fantasmes de purificateur pour brûler tout. L'individu reste étrangement otage du feu. De l'énergie qu'il dégage subsiste la rage «de cracher le feu». Au pays de Confucius, le dragon conserve toujours ses lettres de noblesse pour souffler sa flamme sur la société maudite. A croire que le mauvais sort est en nous. Là où passe Attila l'herbe ne pousse point, la horde de huns nous revient sous formes d'allumettes qui font de grands artifices de forêts……