Algérie

Le médecin généraliste, premier «concierge» du système de santé



Le médecin généraliste, premier «concierge» du système de santé
La générosité du système de sécurité sociale algérien est une réalité reconnue par tous, quand bien même les difficultés inhérentes à son fonctionnement, à force de persister, impliquent un effort de réforme et d'amélioration permanent. L'efficacité de ce système, expression institutionnelle d'une solidarité nationale éprouvée, repose en grande partie sur une synergie d'efforts partagés, en particulier la reconnaissance et la valorisation du rôle extrêmement important dévolu aux partenaires des organismes de sécurité sociale. Le médecin généraliste, dans ce contexte de croisement et de structuration des efforts et missions dévolues à chacun des partenaires, se singularise par sa place de premier ordre. Il en a été justement question, le 22 février dernier, à la journée débat organisée à Zéralda par le Syndicat national des praticiens de santé publique au foyer de la Mutuelle des matériaux de construction. Sous l'intitulé «La politique de santé en Algérie : entre réalité et défis», les communications présentées visent à apporter une contribution, à travers les débats et propositions, au nouveau projet de loi sanitaire. Le représentant du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Acheuk-Youcef, a surpris plus d'un en déclinant avec force détails les missions hautement sociales, pourrait-on dire, de la Sécurité sociale. La plupart des Algériens l'ignorent sans doute, un travailleur affilié à une caisse de Sécurité sociale peut faire profiter de sa couverture d'autres personnes en plus de son conjoint et de ses enfants. Ces personnes peuvent alors bénéficier des remboursements de soins en maladie et maternité à condition d'être rattachées à l'assuré en qualité d'ayants droit. Il s'agit des ascendants, descendants, alliés ou collatéraux qui doivent toutefois vivre sous le toit de l'assuré et répondre à certaines autres conditions. Une question : pourquoi cette «générosité» n'est pas portée à la connaissance des assurés et des personnes qui pourraient en bénéficier ' On ne la trouve nulle part affichée, ni dans les centres de médecine sociale ni dans les agences de la Sécurité sociale. Par la même occasion, M. Acheuk-Youcef apprendra à l'assistance médusée que les infirmités ou séquelles occasionnées par un acte debravoure d'un citoyen quelconque sont pris en charge par la Sécurité sociale même si le bénéficiaire n'est pas affilié à un organisme de Sécurité sociale.Le rôle et les missions du médecin généraliste dans le système national de santé ont été développés par le Dr Djamel Gueddoum, médecin chef à la polyclinique de Douéra. Pour le conférencier, le défi pour le généraliste algérien consiste à «investir la recherche et produire des travaux à même de faire admettre la médecine générale comme discipline universitaire à part entière, un parcours déjà bien tracé par les confrères européens et américains». Dans un pays (Algérie) où les étudiants en première année de médecine se voient déjà médecins spécialistes sans passer par le sacerdoce de «la généralité», il va falloir changer bien des regards sur la Santé en général. Car il n'est assurément pas normal que dans le privé le nombre de spécialistes installés dépasse celui des généralistes. On en est à 60% pour les premiers et donc 40% pour les seconds. Même dans le secteur de la santé publique, le nombre de spécialistes a tendance à se rapprocher de celui des généralistes. Or, la médecine générale est une discipline à part entière. Même si elle n'est pas une spécialité en tantque telle, elle est «spécialisée» par les spécificités de son champ d'intervention et des domaines qu'elle prend en charge. Si tout le monde lui reconnaît un rôle de premier plan, le médecin généraliste est resté pourtant le parent pauvre du système national de santé dont il est «le concierge», puisque c'est à travers lui que doit normalement passer le patient avant tout autre soin plus spécifique. La reconnaissance codifiée du rôle du médecin généraliste est, par ailleurs, susceptible de générer des économies substantielles à la Sécurité sociale. Le Dr Djamel Gueddoum propose cinq mesures à mettre en ?uvre sans trop de difficultés pour corriger les distorsions et rétablir les équilibres dans l'exercice des missions, nécessairement complémentaires et pas antagoniques, entre l'exercice des missions des deux corps de praticiens. Ces mesures consistent essentiellement en l'adaptation de la formation aux besoins de la médecine extrahospitalière, la promotion de la recherche en médecine générale, coordination du parcours des soins où le généraliste tiendrait un rôle central, valorisation de la fonction de médecine générale par des mesures incitatives.A. S.




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